9 mai 2024
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Tebboune n’a pas prononcé un mot sur la problématique énergétique (V) 

COMMENTAIRE

Tebboune n’a pas prononcé un mot sur la problématique énergétique (V) 

Il faut préciser d’emblée que l’industrie pétrolière est un monde à part, toujours dominé par les multinationales. Les entreprises parapétrolières dépensent chaque année des milliards de dollars dans la recherche pour développer une expertise qui les impose, pratiquement dans toutes les activités  pétrolières internationales                                                                                                         

1.- Les perspectives sont toujours conjuguées au futur d’une manière ambiguë

Son partenariat exige aussi de l’envergure qu’aucune société privée algérienne ne dispose pour le moment en dépit de la bonne volonté des uns et des autres. Ainsi, le groupe Sonatrach compte à en croire le vice président de la planification et économie,  investir près de 59 milliards de dollars dans la décennie à venir.

L’exploration/production prendra la part du lion avec 48,5 milliards de dollars, le raffinage et la pétrochimie quant à eux prennent 8,6 milliards de dollars et le reste soit moins de 2 milliards de dollars pour le transport par canalisation. Si l’on tient compte des besoins en capacité de raffinage et de pétrochimie et l’accroissement effrénée de la consommation internes en produits pétroliers et pétrochimiques ainsi que le déficit en infrastructure de transport par canalisation, les deux derniers montants prévisionnels restent désormais dérisoires.

On comprendra par là que l’option ressources non conventionnelles a tout accaparé pour une capacité additive prévisionnelle, dit-on de 20 milliards de m3 de gaz qui pourraient à peine couvrir le déficit de la quantité à réinjecter et celle à consommer en interne. Mais là, n’est pas la question pour au moins deux raisons. La première est que des chiffres de ce genre ont été mainte fois annoncés d’ailleurs en vain et sans suite. Sur les 285 milliards de dollars avancés dans le programme Bouteflika pour la période 2010-2014, d’investissement tout secteur confondu, plus de la moitié ont été réservés aux hydrocarbures sans un résultat probant. Le PDG de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, parlait en 2012 d’un investissement au rythme de 16 milliards de dollars par an jusqu’en 2017 soit prés de 100 milliards de dollars. A peine une année après, la baisse de la production des gisements géants s’est confirmée jusqu’à rendre incapable le mastodonte de tenir ses engagements vis-à-vis de ses fournisseurs.

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On a l’impression diront de nombreux analystes que ce secteur fortement capitalistique et « investivore » prend une grosse  part des capitaux sans pour autant entraîner les autres secteurs, objectif pour lequel il a été crée. Il a un poids important dans le produit intérieur brut (PIB) et les recettes extérieures mais très peu d’impact sur le circuit économique global. La deuxième raison est cette main tendue au partenariat nationale qu’on entend comme mot d’ordre depuis 1982.

Début des années 80, Sonatrach avait entre les mains la plus grande base logistique construite à Béni Merad (Blida) qui grâce à ses puissants fours et de sa mécanique de précision aurait pu prendre en charge une intégration considérable dans la rénovation du matériel de transport et celui de forage dont les corps des pompes à boue qui constituent un frein à l’avancement et au rendement des appareils de forage par les attentes qu’elles impliquent dans les chantiers. Ce bijou a été cédé à l’armée pour faire des statues qu’on voit aujourd’hui à Riadh El Feth.

Une rencontre similaire a eu lieu en 1994 et qui a montré que le secteur industriel s’il en existe un dans le sens économique de l’industrie, ne peut qu’encrer ses ventouses dans des créneaux  peu créatifs pour soutirer sa part de la rente. L’expertise pétrolière et parapétrolière ne peut aboutir qu’avec un partenariat avec les entreprises étrangères. Or, Sonatrach a raté le coche, avec la dissolution d’Alfor, Algor, Aldia, Alfluid, Aldim Algeo, Alreg, et toute la série qui est longue.

Aujourd’hui, le ministre l’a relevé lui-même, les entreprises privées s’incrustent dans les métiers que le groupe Sonatrach a délesté pour se concentrer sur son métier de base comme les travaux de gardiennage, catering, maintenance et entretien, transport du personnel etc. Devrons-nous rétropédaler encore une autre décennie pour nous rendre compte que le problème est ailleurs mais certainement pas dans les 3 P et encore moins dans les investissements risqués ? Faut-il peut-être trouver les pistes dans la formation des ressources humaines pour la faire passer du stade de l’obéissance aveugle à celui de la créativité ? 

2.- Une brouille sérieuse entre Sonatrach et l’ONS

La baisse est générale de la production du secteur industriel en Algérie selon le dernier rapport de l’Organisme national des statistiques (ONS) au premier trimestre 2019(10). Quand bien même ces chiffres sont signalés par cet organisme comme « provisoires », ils demeurent néanmoins très loin de ceux avancés par Sonatrach et, partant, le ministre de l’Energie en ce qui concerne les hydrocarbures, moteur de l’économie nationale. Après un redressement de 0,7%, observé au trimestre précédent, les hydrocarbures affichent une variation négative de – 2,2%, de moindre ampleur que celle enregistrée à la même période de l’année écoulée (-3,6%).

A l’exception de la liquéfaction du gaz naturel qui marque un rebond de 9,7%, après des baisses consécutives observées aux quatre trimestres de l’année précédente, les deux autres activités à savoir, la production du pétrole brut et gaz naturel et le raffinage du pétrole brut accusent des baisses respectives de 1,0% et de 16,4%. Les spécialistes et notamment ceux du secteur se demandent si la baisse du raffinage de  plus 16% ne serait-elle pas programmée « exprès » pour justifier la production de la raffinerie italienne d’Augusta et la mise en œuvre du contrat processing, pourquoi pas les deux à la fois au détriment des raffineries algériennes dans lesquelles le trésor public a mis ses tripes pour leur réhabilitation. Il y a quelques semaines, une lettre anonyme probablement provenant  des cadres soucieux de l’avenir de Sonatrach et conscients de son importance pour le circuit économique et social de toute l’Algérie, avaient dénoncé tout en attirant l’attention des pouvoirs publics que depuis avril 2017, l’Etat disent-ils «n’a aucun contrôle de la gestion de Sonatrach ».

Les documents qui donnent la visibilité et le suivi de l’ensemble des activités sous forme de rapports d’habitude mensuellement ne parviennent plus aux organes statutaires de surveillance. Pour la première fois, ont-ils rappelé, les chiffres, et bilans, de Sonatrach,  sont confus, non-cohérents, et surtout non conformes avec les ceux de la banque d’Algérie et de l’ONS. Ils se demandaient si les pouvoirs publics, très préoccupés par la crise politique n’auraient pas négligé quelque peu le mastodonte auquel cas se serait le chao économique annoncé.

Conforté probablement par un clan au pouvoir, notamment extraconstitutionnel, l’ancien PDG de Sonatrach Abdelmounene Ould Kaddour a eu à multiplier des attaques en remettant en cause les chiffres statistiques fournis par la Banque nationale d’Algérie (BNA) et l’Organisme national des statistiques (ONS) ainsi que le Ministère de l’Energie relatifs à la baisse de la production du pétrole et du gaz, notamment le taux de croissance et les performances qui en découlent du mastodonte lorsqu’il lui a été confié par rapport à ceux d’aujourd’hui voilà bientôt deux ans de promesses vides d’application avec une violation des principes de conservation des gisements dont on saura dans  l’avenir proche, les conséquences des détournements des gaz de réinjection vers l’exportation dont les responsables auront à répondre de ces actes.

Rappelons qu’à l’issue de la cérémonie de signature des statuts de la joint-venture STEP en partenariat avec la société française Total dans un projet de pétrochimie, il est monté d’un cran pour pousser envers les institutions de l’Etat un mépris sans précédent. Il s’est interrogé avec arrogance : « Est-ce qu’on a un système de mesures, de calcul ou d’évaluation de la production ? Est-ce qu’on sait combien coûte l’extraction d’un baril ? » Et de continuer son affront : «A ce jour, on n’a même pas exploité 30% de notre potentiel en hydrocarbures ».

Peut-être n’est-il pas au courant que les structures de l’exploration et de PED savent parfaitement ces données, et en fournissent aux autorités annuellement les mises à jour. Pour lui « à l’avenir, on aura de très belles découvertes et ceux qui disent que nos gisements sont morts sont très loin de la réalité, on a encore un long chemin à faire ». A ce stade, il se trahit et se contredit en misant uniquement sur les réserves en gaz de schiste qui n’ont jamais été évaluées par nos institutions y compris Sonatrach elle-même. Moins d’une année de son départ en voilà les résultats  9-Le tripotage de la structure  HSE serait une des causes de la catastrophe d’Arzew. 

L’explosion survenue, dans la soirée du lundi 1er juillet 2019, au niveau d’une unité de production du complexe de liquéfaction de gaz le GL1Z, de la zone industrielle d’Arzew (wilaya d’Oran) serait selon les responsables qui ont préféré garder l’anonymat par devoir de réserve sans doute, causée par  la perturbation de la direction centrale de l’Hygiène-Sécurité-Environnement( HSE) qui était chargée d’évaluer et surveiller les vieilles installations conformément à la loi sur les hydrocarbures notamment son article 109 et son décret exécutif d’application N° 14-349 du 15 Safar 1436 correspondant au 8 décembre 2014 fixant les conditions de mise en conformité des installations et des équipements relevant des activités hydrocarbures. 

Ould Kaddour, avait dans son viseur cette direction dès son installation comme s’il l’avait ramenée comme consigne dans ses bagages. En effet si l’on croit ces cadres, au lendemain de son installation, il a décapité cette structure pour désigner un médecin de travail qui n’avait aucune compétence technique pour conduire la conformité des vieilles installations. Le premier, au contraire brillé semble t-il par être major de promotion dans le domaine de l’Hygiène, la Sécurité et l’Environnement. Il se trouve heureusement pour le spécialiste en question qu’il était membre d’une commission interministérielle, désigné par des hautes autorité « en relation dit-on avec le programme de sécurisation des sites névralgiques, Ould Kaddour était obligé d’annuler sa décision pour repositionner le spécialiste dans ses fonctions ».

Malheureusement, cela ne durera pas longtemps car dans le cadre de son mégaprojet SH2030, il saisit l’occasion sur recommandation d’un bureau d’étude OGB de s’en passer carrément de la direction centrale HSE en privilégiant le recours à la sous-traitance tout azimut en même temps en mettant fin aux fonctions de son premier responsable en juillet 2018. (11) « En termes simples, l’Hygiène, la sécurité et l’Environnement apparemment n’apparaîtront plus dans la nouvelle vision organisationnelle du groupe Sonatrach » disent-ils.

3.- Sonatrach a dopé ses performances pour cacher les insuffisances

Si l’on se réfère au bilan diffusé sur le site de Sonatrach(12), celui de l’année 2017, on y lit dans la page réservée au bilan global  2016/2017 que la production totale primaire de l’année 2017 «s’est établie à 197 millions de Tep (tonne équivalent pétrole) en augmentation de 2% par rapport à 2016 » C’est en fait le dernier rapport qui est mis en ligne par Sonatrach, supprimant par l’occasion tout l’historique du mastodonte. Pourtant tous les chiffres sont disponibles sur le site du ministère de l’énergie. Pourquoi ?

Probablement parce qu’ils les contredisent. Ainsi si l’on se réfère au rapport d’activité disponible dans la rubrique « bilan de réalisation du secteur de l’énergie »(13) tout en comptabilisant les gaz de réinjection près de 2,5  Million de Tep, or, ces volumes n’ont jamais été inclus dans les chiffres de production  dans tous les bilans précédents, il s’agit de volumes de gaz réinjectés et recyclés. Ce rapport  situe donc la production totale primaire à 165,7 millions de TEP qui est en réalité moins de 159 Millions de TEP, moins que celle de 2016 établie quant à elle à 166,1 millions de Tep.

Le ministre de l’Energie dans l’entretien qu’il accordé à l’APS parle (sauf une erreur de transcription de la presse) d’un domaine minier occupé à 40% en exploitation alors que si on revient au même rapport d’activité, et même celui de 2018 ce dernier n’est exploité qu’à hauteur de 3,9% soit 59840 km2 sur un total de 1536442 km2. Le reste, 241512 km2 (15,7%) en phase de prospection, 547142 km2 (35,6%) en recherche. Il aurait plus de 687948 Km2 de libre non encore ni prospecté ni recherché. Ce que disent de nombreux experts et cadres de l’entreprise Sonatrach même, peut-être facilement vérifié sur cette page(14).

En effet, depuis la nomination  d’Abdelmoumène Ould Kaddour à la tête de Sonatrach en avril 2017, les organes statutaires de l’entreprise ne reçoivent plus de rapports du mastodonte, la preuve est qu’Alnaft publie encore celle de 2016. En plus les derniers chiffres avancées dans le document de Sonatrach sont quelque peu fallacieux. FIN

Rabah Reghis

Renvois

(10)http://www.ons.dz/IMG/pdf/IPI1T2019.pdf

(11)http://bourse-dz.com/explosion-darzew-la-responsabilite-directe-de-ould-kaddour-et-hachichi/

(12)https://sonatrach.com/wp-content/uploads/2019/03/Rapport-Annuel_2017.pdf

(13)https://www.energy.gov.dz/Media/galerie/bilan_des_realisations_2017_edition_2018_5d961c9e532ec.pdf (14)http://www.alnaft.gov.dz/index.php/le-d%C3%A9veloppement-des-hydrocarbures-en-chiffres/d%C3%A9couvertes

Auteur
Rabah Reghis

 




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