17 mai 2024
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Un printemps en plein hiver

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Un printemps en plein hiver

Quel enseignement pouvons-nous retenir des évènements de Sidi Bouzid, cette ville du centre de la Tunisie, chef lieu d’un gouvernorat du même nom, qui s’était fait illustrée suite au déferlement insurrectionnel survenu un certain 19 décembre 2010, ayant contraint le président déchu de quitter précipitamment son palais de Carthage. On s’en souvient.

Pour rappel, une attitude méprisante de la part d’un des représentants de la loi, en l’occurrence une policière qui a contre toute attente avait giflé Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant de son état, pour avoir enfreint selon la version des officiels, la réglementation régissant cette activité commerciale.

Une provocation de trop est venue fouetter la conscience collective, déjà malmenée en ces temps de disette par l’absence de toute perspective permettant d’améliorer un tant soit peu la situation au quotidien morose, à laquelle s’est ajoutée l’ampleur d’une injustice, ou « justice aux ordres » ayant conduit l’infortuné à commettre son irréversible geste de s’être donné la mort par immolation. 

L’Algérie de la rente pétrolière en a adopté le même raisonnement absurde face à une société disloquée, meurtrie une décennie durant par un terrorisme sanguinaire en sus d’une précarité sciemment entretenue dans le but de faire abdiquer le peuple par la faim. 

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Combien n’avons-nous pas lu et entendu les propos d’un ex premier ministre traitant le peuple algérien de chien qu’il va falloir affamer pour parvenir à le soumettre. 

Ce prélude à l’exploitation d’un peuple est inéluctable à sa servitude, car un ventre creux ne mène nulle part, si ce n’est à accepter sans résistance aucune les conséquences d’un ordre préalablement établi.

Nous avons été témoin dans un passé pas très lointain de situations de violation de l’intégrité des femmes, des hommes et des biens par une faction qui s’était autoproclamée détentrice d’un pouvoir pour le moins arbitraire dans le but d’assouvir ses instincts de prédation avérée. 

Ni les emprisonnements injustifiés ni les brimades et ni les diverses méthodes d’avilissement n’ont eu raison de la volonté des uns et des autres de ne pas sombrer ou de ne pas céder au rouleau compresseur d’un système ayant instrumentalisé le mensonge, l’invective et la misère sociale en modèle de société. 

Parvenir dans un raisonnement plutôt insensé à comparer un mécontentement exprimé par des pans entiers de la jeunesse du pays à « un chahut de gamins » relève purement et simplement d’une hérésie assez développée, ce qui ne peut que révéler l’absence de respect et le manque de considération à l’égard de celle-ci.

Mais, les faits sont têtus, pour ne pas donner l’impression de se répéter. Des exemples sont légion faisant cas de mouvements de mécontentement citoyen qui se sont terminés en queue de poisson ou devenant carrément des enjeux politiques que se livrent certaines parties et gouvernements inclus, loin des terrains d’affrontement social des laissés pour compte.

Nous voulons pour preuve l’exemple du premier « printemps tunisien ». Dix années se sont écoulées en emportant avec elles les déchirements, les violences, la misère et la pauvreté qui ont constitué le gros des revendications des couches socialement démunies à vouloir revendiquer un changement réel dans la forme de gouvernance.

Qu’en est-il réellement ? Il est pour le moins invraisemblable que la situation s’est plutôt empirée depuis et la qualité de vie n’est pas plus meilleure qu’avant la « révolution ».

En ce qui concerne l’état des lieux du mouvement de contestation populaire Hirak algérien, la situation est plutôt dans l’expectative due à la période de confinement créée par la propagation de la Covid-19 dans l’espoir de limiter les dégâts liés à la contamination de la population.

Et contrairement aux divers mouvements de contestation que connaissent certains pays en proie à des agitations sociales, le Hirak algérien adopte pour sa part, la méthode de la prudence, en ce qui concerne la gestion personnifiée de son pôle de commandement.

Personne n’est en mesure au jour d’aujourd’hui d’avancer le nom des supposés têtes dirigeantes de ce mouvement, lequel,  il est important de le rappeler, s’organise à la manière d’un front uni recevant ses directives sous la forme collégiale dans le but de préserver son indépendance pleine et entière sur le cours des événements.

Aujourd’hui  et compte tenu de l’escalade des hostilités qui ont pour terrain d’enjeux la région d’Afrique du Nord susceptibles de mettre en danger la sécurité des populations, il est pour le moins insensé de ne pas mettre œuvre une nouvelle feuille de route en parfaite adéquation avec la volonté populaire qui ne cesse depuis plus d’une année à revendiquer un véritable État de droit, seul garant d’une totale sécurité tant des personnes que des biens.

Auteur
Rezki Djerroudi

 




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