27 avril 2024
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L’Algérien est-il fasciné par les grands dictateurs ?

 

Que le lecteur se rassure, le titre provocateur ne s’adresse qu’à ceux pour lesquels il convient de l’exprimer. Mais depuis soixante et un ans nous pouvons tout de même affirmer qu’ils sont nombreux. Une fascination si religieuse qu’il faut essayer d’en analyser la nature. Essayer est le bon terme car l’irrationnel algérien est inatteignable.

Quel immense bonheur lorsque la RTA nous annonçait qu’un grand dictateur allait venir rendre visite à Oran. Notre établissement était sur la route de l’aéroport et on nous a souvent demandé d’aller les accueillir sur le bord de la longue avenue où ils devaient parader en voiture, accompagnés de notre colonel.

Vous rendez-vous compte, libérés des cours, quel bonheur ! Notre amour pour les études n’allait tout de même pas refuser un temps de liberté si gracieusement offert. Le jackpot fut lors de la mort de Nasser, deux ou trois jours de deuil national (à vérifier pour les trois jours) avec le bonheur de la fermeture des établissements.

Nous attendions longtemps et heureusement que nous étions très jeunes, que le soleil était de ce pays et que nous avions tellement à faire à regarder les jolies filles et dire des bêtises.

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Puis le bruit des sirènes des gendarmes en motos BMW et leur passage en grande vitesse nous alertaient que le spectacle allait bientôt commencer. Et c’était la bousculade pour être dans les premiers rangs.

C’est que cela dépendait du dictateur, il était évident que pour Fidel Castro nous pouvions être un peu plus loin pour le voir. Il fallait nous rapprocher lorsqu’il s’agissait d’un Bourguiba car les tailles semblaient à la hauteur des férocités des régimes.

Pour le premier, pas question de rater sa célèbre casquette devenue iconique autant que le portrait de Che Guevara. Et pour Bourguiba, nous attendions avec délectation qu’il fasse une grimace, une danse ou un geste hilarant qui sont à la hauteur de ses célèbres clowneries.

Mais ils n’étaient pas rigolos ces personnages qui défilaient dans les artères des villes algériennes, invités par notre grandissime et vénéré dictateur, le colonel. Nous en avions un avec une réputation mondiale.

L’Algérie, the place to be

Tous les despotes du monde se bousculaient pour venir le rencontrer, ce grand homme du tiers monde, combattant de la liberté, héros de la révolution, membre VIP des non-alignés, égérie du socialisme et grand maître du cigare…Cubain.

L’image était toujours la même, encadrés par les motards en formation de tous les côtés de la fameuse DS 21. Et le grand escogriffe restait raide comme la colonne du Panthéon romain, saluant avec un sourire de faucon, fier d’exhiber son invité, un de ses trophées dans la collection des dictateurs que cultivaient les pays dits encore « en voie de développement ». Ils le resteront.

Puis le cortège s’éloigne sous les youyous qui commençaient à s’éteindre, chacun retournait à ses occupations, pleins d’images de fierté dans les yeux. Ils ont vu Dieu.

Nous, nous retournions à notre passion de jeunes étourdis, les jolies filles. Car pour nous tout cela était un divertissement, un spectacle baroque que nous avions l’habitude de voir. Ces gens, nous les regardions des heures et des heures sur la RTA.

Non pas que nous étions passionnés mais il n’y avait qu’une seule chaîne et nous attendions le film tant espéré de la soirée. Il fallait avaler toutes les facéties de notre hôte autocrate avant d’avoir une chance de regarder le film lorsqu’il n’était pas renvoyé à une date ultérieure pour cause d’horaire tardif.

L’Algérie était le point de rendez-vous de tous les autocrates sanguinaires et corrompus de la planète. C’était « The place to be », le must du chic que celui de visiter le colonel.

Puis ensuite nous avions eu droit au défilé de tous les terroristes « révolutionnaires » que comptait l’histoire de ce monde des années 60’ et 70’. Bien entendu qu’il y en avait de très légitimes mais le sang nous aurait glacé le dos si nous avions bien examiné le pédigrée de certains autres.

Les filles étaient si belles et notre jeunesse si  merveilleuse dans un pays qui était le nôtre et que nous aimions. Je plaide non coupable par l’inconscience de l’âge et son impossible responsabilité.

Mais la fascination n’a jamais disparu

Lorsque nous sommes parvenus au Grand lycée (le lycée de l’époque commençait dès la 6ème avec le Petit lycée jusqu’à la troisième puis le Grand lycée), notre conscience naissait et se mit à nous obliger à regarder la réalité en face. Même si c’était en même temps que nous étions ravis d’aller sur le long de l’avenue et d’être exemptés des cours

La maturité nous réveillait avec une grande claque, nous vivions dans un monde de terreur et nous recevions les « amis » du pays, de redoutables monstres comme l’était notre régime politique.

Alors les premières questions commençaient à nous envahir. L’une d’entre elles, comment ce peuple avait-il été si hypnotisé par les dictateurs les plus féroces ?

Nous passions en revue toutes les explications possibles. La première, la plus évidente, est la terreur qui interdisait toute parole d’opposition possible. Les rares qui tentaient l’aventure avaient compris qu’il ne fallait pas aller à l’assaut de la citadelle, naïvement accompagnés de leurs seuls idéaux.

Puis il y avait une autre explication, aussi évidente que la première soit l’avidité de la réussite financière et de la reconnaissance sociale au prix de la vente de sa propre conscience. Et comme elle était si peu développée chez beaucoup, le prix à payer n’était finalement pas si élevé.

Tout cela est parfaitement vrai et on ne peut passer outre ces deux explications si communes dans l’humanité. Cependant, elles sont loin à elles seules d’expliquer une telle fascination.

On pouvait la ressentir même en faisant abstraction de la terreur et de l’ambition financière. On se demandait si elle n’était pas profondément enfouie dans l’âme des Algériens. On peut pour partie les comprendre. La fierté était si grande après l’humiliation coloniale, elle s’était décuplée en savourant une gloire internationale parmi ceux qui se disaient de grands révolutionnaires des pays opprimés.

Cela, on peut le comprendre comme on avait compris la terreur qui muselait les oppositions. Mais cette raison n’était encore pas suffisante pour une explication complète. Une grande partie des Algériens continuaient à youyouter et parfois à entrer en transe dans des moments et lieux intimes où il n’était pas la peine de faire du zèle pour garantir son salut ou sa promotion.

Dès qu’il y en a un qui passe…

Et plus étonnant encore, ce qui nous désespérait, était la fascination de beaucoup de camarades qui étaient pourtant assez instruits pour se rendre compte de la duperie du régime militaire féroce.

C’est surtout eux qui sont l’énigme la plus difficile à cerner. Car les générations ont passé, le temps s’était écoulé et ils soutenaient avec force et conviction la dictature du pouvoir Algérien ainsi que toutes celles du monde.

Le crépuscule des grands dictateurs

Ce sont eux qui, par la détestation psychanalytique de l’Occident applaudissaient le moindre des despotes qui s’opposent à lui.

Dès qu’il y en a un qui passe devant eux ou se présente aux informations, ils lui sautent dessus pour l’entourer de leur soutien et de leur admiration. C’est instinctif, sans même qu’on ne leur demande rien et qu’il n’y a que très peu d’intérêts à le défendre.

Cela a continué pendant des décennies. Après la mort du colonel, ils ont soutenu deux généraux puis ont youyouté pendant vingt ans un de leur poulain réélu quatre fois jusqu’à son immobilisation sur un fauteuil, tremblant et au regard totalement extérieur au monde.

Ils s’étaient réfugiés dans les jupons des militaires lorsque la créature de ces mêmes militaires les avait menacés. Et c’était reparti pour un tour. « Mieux vaut les militaires plutôt que les islamistes » disaient-ils. Ils ont eu finalement les deux avec une société totalement imprégnée de religiosité et des femmes heureuses de porter le foulard de l’esclavage. C’était bien la peine !

Ils ont participé à mille manifestations de colère, à des dizaines d’associations des diverses  oppositions et des droits de l’homme jusqu’à un soulèvement populaire très important dans un beau Printemps.

Pourtant ils ont été fascinés par un jeune général démissionné qu’ils voulaient élire comme Président de la république. Et toujours cette excuse « Lui, ce n’est pas pareil ».

Puis pendant deux ans ils ont encore manifesté avec colère et rage pour un résultat qui a davantage renforcé le régime militaire. Certains parmi les manifestants sont retournés sur les bancs de l’assemblée nationale des militaires. Et c’est reparti pour un tour. Les Algériens aiment bien s’amuser à ce jeu.

Et je ne parlerai pas de celui dont j’ai abondamment parlé dans mes articles, le grand démocrate Poutine qui est à leurs yeux le sauveur de l’humanité. Les Algériens (je le répète, une bonne partie) se fichent totalement de ce que le despote fait subir aux libertés c’est-à-dire ce qu’ils ont hurlé pendant deux ans pour leur défense.

C’est une position à l’inverse absolu de la leur lorsqu’ils ont un moment pour être des opposants avant de revenir à leur base, le soutien aux dictateurs. Incarcérations en masse, terreur quotidienne et musèlement des libertés, rien n’y fait.

Alors, à ce moment habituel de la discussion, on me rappelle toujours que c’est l’école qui les a abrutis à un tel point que le discernement a disparu. Je l’admets mais l’explication est un peu courte car la fascination reste présente chez de très nombreux algériens et intellectuels de l’époque précédente, celle où l’école était encore le lieu d’apprentissage de la pensée critique.

Le risque d’un sentiment que je redoute et combats

Après 61 ans de fascination inexplicable des Algériens pour les dictatures, je n’ai plus de réponses ni de solutions. Toutes ont été épuisées, nous sortons du rationnel pour entrer dans une zone dangereuse de l’irrationnel.

Et là je tremble pour une terrible pensée qui viendrait un jour me titiller l’esprit. L’une des pensées les plus abominables de l’humanité contemporaine soit l’explication par les théories de l’eugénisme.

Les Algériens ont-ils la fascination des pires despotes inscrite dans leur ADN ?

J’espère ne jamais aller jusqu’à ce sentiment mais je fatigue et je n’en peux plus, à 68 ans aujourd’hui, de cette fascination et dévotion des Algériens devant les grands assassins de la liberté et même plus.

Boumédiene Sid Lakhdar, enseignant retraité

7 Commentaires

  1. « … où ils devaient parader en voiture, accompagnés de notre colonel…. » – Colonel? ou Salateur(prier 24/24
    « …grand comabattant… » – Il a combattu ou ca? Meme pas en Palestine, pour un faux zlulurman…
    J’ose pas lire le reste, ca fait monter lension arterielle.

    Cela dit, j’ai peur qu’il soit trop tard maintenant, pour la deconstruction de tous ces mythes khorotiens, helas.

  2. C’est dans les gènes , l’algérien est lui même autoritaire pour ne pas dire dictateur . Dés qu’il possède un petit pouvoir il use et abuse de la chose . Notre société est patriarcale . Ex : un père illitré veux avoir l’ascendant sur son fils qui possède un bac +5 avoir voyager . ect…! . un petit fonctionnaire peut te faire la misère pour un bout de papier . J’ai èté rendre visite a un amis à l’étranger, sur un meuble il avait la photos de Boukharouba .; et lui il a quitté le pays pour retrouver la liberté . Pourquoi l’Algérie ne sera jamais démocratique car le peuple voue un attachement au culte de la personnalité . L’Algérien est omnibulè par le pouvoir . D’ailleurs se n’est pas propre à l’Algérie ; vous avez les pays arabes , l’Afrique , nos voisins les Marocains ,il adore leur roi ,il est considéré comme une divinité . Et pourtant les musulman considèrent que le seul roi des cieux et de la terre c’est ALLAH . azul

    • Expression Mythique helas. « C’est dans les gènes , l’algérien est lui même autoritaire pour ne pas dire dictateur . »
      Touts les mamipheres naissent egaux et similaires dont le sens PROGRAMMABLES. Puis, ca commence a la maison, c.a.d. avant meme d’etre rejete’. Biensur que la majorite’ si ce n’est tous avons subit d’une maniere ou d’une autre, et donc disposons de suffisemment de matiere premiere pour se fabriquer des justifications de choix et actions contre-productives pour soi-meme et autrui. Mais, il arrive un mmoment ou l’on a aussi les moyens de tout remettre en cause, ou du moins de se rendre compte de nos limites et reconnaitre(identifier) un certain minimum atteignable et s’y mettre paisiblement.

      • Ah!!! les matières premières y-a n’a beaucoup dans le sol algérien ,et la matière grise elle est nul part . mettez vous à une terrasse d’un café avec un nos nos ;et observer , cela gesticule dans tous les sens , ils parlent en même temps , personne ne s’écoute . dés qu’il n est d’accord avec son interlocuteur ; il le traite de cavè et ainsi de suite . un architecte m’a confirmé que cela a èté décider de peindre les couleurs des immeubles construits neufs on fonction de son club de foot .USMA en noir et rouge ,la JSK en vert et jaune et ainsi de suite imagine ces couleurs sur des immeubles de 12 étages . Allez met toi paisiblement pour résoudre l’équation . Derriére le mots paisible ,il-y-a la ruse .

  3. les algériens n’ont pas la »culture » de la Liberté, ils sont en majorité incultes, intolérants, réactionnaires, et n’ont trop souvent aucun sens moral, on est toujours déçu lorsqu’on les côtoie, je parlent même de gens qui ont fait des études supérieurs (médecins, avocats, vétérinaires, haut fonctionnaires pour exemples personnels!!!)

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