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Les actions de Sonatrach en Espagne ne sont pas une affaire de dividendes   

DECRYPTAGE

Les actions de Sonatrach en Espagne ne sont pas une affaire de dividendes   

Rappelons d’abord les faits. Mardi 26 janvier, le fonds australien Global Institutional Investment Manager (IFM)   présent en Espagne a annoncé le  lancement d’une Offre Publique d’Achat (OPA) sur 22,69% du capital du mastodonte énergétique espagnol Naturgy dont Sonatrach détient 4,16%. Le reste est partagé selon une répartition révélée par Bloomberg entre la banque espagnole Critères Caixa (24,79%), Rioja Bidco (20,72%), partenaires d’infrastructure mondiaux (20,64%), Société du groupe Capital (3,06%) Roche noire (1,22%) et les autres (25,41%).

Sur le plan purement financier, il s’agit 220 millions d’actions du géant Naturgy à raison de 23 euros par action soit une prime de 19,7% par rapport au cours de la clôture de la veille soit le lundi 25 janvier. Il faut reconnaître que la valeur des actions du géant espagnol a bondi à la Bourse de Madrid donc un feedback de l’actionnariat très favorable à cette annonce puisque la valeur de l’action de Naturgy a pris 15% mardi dernier dans un marché presque stable.

L’intention de l’investisseur australien est volontaire donc liée a un intérêt stratégique pour prendre le contrôle de la firme énergétique espagnole mais vise les actionnaires minoritaires, certainement qui seraient susceptibles d’être intéressés par ce gain par action et surtout auraient du cash suite aux incidences néfastes de la crise pandémique de leurs activités.

Pour rappel, il s’agit d’une OPA que lance ce fonds d’investissement australien que si elle aboutit, il doit mettre 5, 060 milliards d’euros en numéraire. Sur la base de son rapport d’opportunité qu’il a  envoyé  à la commission nationale du marché des valeurs (CNMV), l’IFM a déclaré disposer d’un engagement du Capital Partner (CVC) qui détient 20,4%  de Naturgy et de celui du Groupement d’Intérêt Public (GIP) avec 20%.

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Donc selon le calcul de ce fond australien si l’OPA se concrétise, cette alliance aura un contrôle de 87,1% du capital du géant espagnol  Naturgy. Il compte donc sur les 4% de l’Algérienne Sonatrach pour réduire son atomisation à 9%.

Le groupe espagnol énergétique déclare cette offre « non sollicité » tandis que  le fond d’investissement australien considère sa démarche « amicale » mais ce verbiage ne change rien à la procédure qui suivra son cours. Ce qui est surprennent c’est le fait que la presse espagnole dont El Economista (01) qui a suivi et rapporté cet événement conditionnent sa réussite aux procédures réglementaires étatiques qui n’admettent pas le dépassement d’un certain seuil pour tout investisseur étranger, le  groupe ou le Holding  ne pourrait vendre qu’une partie de ses titres et enfin Sonatrach « pourrait »se débarrasser de ses actions en Espagne.

1- Comment ces journaux ont-ils  supposé que Sonatrach vendrait ses parts 

Parmi les minoritaires visés par l’IFM, il y’en a plusieurs dont le groupe Capital et Roche Noire et bien d’autres donc il est quand même bizarre même s’il est dit au conditionnel de se focaliser sur Sonatrach. Il est clair que son cabinet conseil suisse a du lui refiler une information devenu publique maintenant que le management de Sonatrach est à court de liquidité et il n’est pas sûr que la banque lui accorderait un emprunt d’un milliard de dollars.

Or, la compagnie algérienne n’a aucun intérêt à vendre ses parts dans le capital de Naturgy puisque dans sa stratégie, ce placement n’a pas seulement vocation de lui procurer des dividendes mais lui permet d’avoir un pied en Europe. Cela est compréhensible de part les investissements consentis dans les infrastructures gazières : transport, liquéfaction transformation sans compter des efforts financiers en amont.

Ensuite l’Algérie est plus un pays gazier que pétroler puisqu’en volume elle exporte plus de gaz que de pétrole.

L’ambition d’intégrer le circuit de distribution du gaz de l’Algérie a été affiché en Europe depuis 2007 lorsque, encouragée par le discours électoral de l’ex-président de la république française, Nicolas Sarkozy, Sonatrach voulait s’associer dans la distribution avec Gaz de France mais de nombreux obstacles d’ordre politique et économique dont la responsabilité est partagée entre les deux parties parfois à cause de leur histoire commune (colonisation, mémoire).

Surtout, il faut rappeler que l’ancien ministre de l’Energie Chakib Khelil, doté d’un pouvoir absolu sur les hydrocarbures qui a été confié par son ami Abdelaziz Bouteflika, a préféré « se tourner vers les Américains pour développer le nucléaire civil, ce qui a affaibli davantage la proposition de Nicolas Sarkozy d’adosser GDF à Sonatrach en contrepartie de l’aide de son pays à l’Algérie pour se doter de centrales nucléaires de production d’électricité. »

Depuis, la stratégie de l’Algérie à travers son entreprise nationale vise plutôt la diversification de ses partenaires commerciaux entre autre l’Espagne et l’Italie pour d’abord consolider son marché gazier traditionnel et de prolixité et à travers la prise de participations, valoriser ses hydrocarbures à l’international.

Il faut souligner aussi que l’expérience de la vente très douteuse des actions détenues par Sonatrach auprès d’Anadarko et Duke Energy reste une expérience que l’Algérie ne refera en aucun cas.

Bien que le management actuel de Sonatrach a besoin de liquidités, il la trouve incontestablement dans une approche intensive en revoyant la priorité de ses dépenses et dans l’analyse de ses coûts que de vendre ce genre d’actions stratégiques et qui pourraient même compromettre son avenir en Europe.

Les juristes de pacotille poussent les responsables de Sonatrach sous prétexte que son conseil d’administration formé en majorité de « beni oui oui » dispose d’un pouvoir d’étendre l’activité du groupe et décider des prises de participation ici et à l’étranger. C’est raté car l’ère de Chakib Khelil est passée.

Aujourd’hui, toute cession devra avoir l’aval de son propriétaire par le biais de l’assemblée générale dans laquelle siègent au moins deux ministres d’Etat.

Encore une fois penser à vendre ces actions dont dispose Sonatrach dans le capital de Naturgy pour régler un problème conjoncturel de liquidités restera une autre erreur fatidique.

Rabah Reghis

Renvois

(01)-https://www.eleconomista.es/energia/noticias/11012625/01/21/IFM-apunta-a-los-titulos-de-Criteria-y-Sonatrach-para-entrar-en-Naturgy.html

Lecture complémentaire sur ce dossier 

http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/hydroc/sonatrach_gdf.htm                                                             https://www.tsa-algerie.com/un-fonds-dinvestissement-lorgne-les-parts-de-sonatrach-dans-naturgy/                https://elpais.com/economia/2021-01-26/el-fondo-ifm-lanza-una-opa-de-5060-millones-por-el-2269-de-naturgy.html                                                                    https://www.eleconomista.es/energia/noticias/11012625/01/21/IFM-apunta-a-los-titulos-de-Criteria-y-Sonatrach-para-entrar-en-Naturgy.html                                                     https://www.eleconomista.es/energia/noticias/11012838/01/21/Credit-Suisse-y-Linklaters-asesoran-a-IFM-en-su-OPA-sobre-Naturgy.html

 

Auteur
Rabah Reghis

 




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