C’est une figure majeure du 7e art qui vient de nous quitter. Le réalisateur et producteur algérien Mohammed Lakhdar-Hamina s’est éteint ce jeudi à son domicile d’Alger, à l’âge de 95 ans. Avec lui, c’est un pan entier de l’histoire du cinéma algérien, africain et mondial qui disparaît.
Réalisateur visionnaire, il a marqué l’histoire du Festival de Cannes en devenant le premier cinéaste africain à recevoir la Palme d’Or, en 1975, pour son chef-d’œuvre Chronique des années de braise. Ce film, qui retrace les prémices de la Révolution algérienne, reste l’un des témoignages les plus puissants de la mémoire coloniale et de la quête d’indépendance d’un peuple.
Mohammed Lakhdar-Hamina avait déjà été salué auparavant à Cannes, recevant en 1967 le prix de la première œuvre pour Le Vent des Aurès, film emblématique de la douleur des mères pendant la guerre. Il aura concouru à quatre reprises au prestigieux festival, s’imposant comme l’un des derniers maîtres du cinéma épique et lyrique, à la fois profondément algérien et universel dans son message.
Ses fils, Malik et Tarek Lakhdar-Hamina, ont annoncé la triste nouvelle à travers un communiqué empreint d’émotion, saluant « un héritage cinématographique inestimable » et rappelant le rôle unique de leur père comme pont culturel entre le Sud et l’Occident, et comme voix du tiers-monde pendant près de quarante ans.
Un hommage lui a été rendu cette semaine lors de l’édition 2025 du Festival de Cannes, avec la projection restaurée en 4K de Chronique des années de braise, dans le cadre du programme Cannes Classics. Une manière de saluer une dernière fois celui qui aura marqué à jamais l’âme du cinéma algérien.
Philippe André est un écrivain français inclassable, dont l’œuvre se situe à l’intersection fertile de la psychiatrie, de la psychanalyse, de la musique et de la littérature.
Philippe André est psychiatre, psychanalyste, musicien et écrivain, il explore avec une sensibilité rare les territoires profonds de la psyché humaine à travers la vie et l’œuvre de grands créateurs. Cette approche transversale, nourrie par une double expertise en sciences humaines et en pratique artistique, lui confère un regard unique sur les tumultes intérieurs qui jalonnent les trajectoires des génies de l’art.
Son travail se distingue par une capacité remarquable à faire dialoguer l’analyse clinique et l’intuition littéraire. Chez lui, la pathologie mentale n’est jamais réduite à un diagnostic : elle devient une clé d’interprétation poétique et existentielle de l’acte créateur. À travers une écriture incarnée et vibrante, Philippe André s’attache à décrypter la part invisible de l’œuvre d’art — celle qui jaillit du conflit intérieur, de la solitude, de la souffrance, mais aussi du désir de transcendance.
Dans Robert Schumann, folies et musiques, il met en lumière avec une acuité troublante les rapports complexes entre génie musical et fragilité mentale, s’appuyant sur des archives psychiatriques inédites pour revisiter la biographie du compositeur. Nuages gris, le dernier pèlerinage de Franz Liszt nous entraîne dans les ultimes années du maître hongrois, où se mêlent méditations sur la mort, spiritualité et tension créative. Les Deux Mages de Venise, roman baroque et halluciné, met en scène un huis clos imaginaire entre Liszt et Wagner dans une Venise crépusculaire, œuvre théâtrale autant que psychodrame romantique.
Enfin, Moi, Vincent Van Gogh, artiste peintre est un monologue intérieur bouleversant, où l’écrivain prête sa plume au peintre en proie à la solitude, à l’extase et au doute, dans une langue dense et tourmentée.
De Schumann à Liszt, de Van Gogh à Wagner, ses livres sont autant de voyages intérieurs dans l’âme des grands artistes.
Dans son dernier ouvrage, Le dernier été de Paul Cézanne (éditions du Chien qui passe), préfacé par l’astrophysicien et écrivain Jean-Pierre Luminet, Philippe André prête sa voix au peintre d’Aix-en-Provence dans les ultimes jours de sa vie. Ce récit introspectif, sensible et bouleversant, nous entraîne dans la conscience d’un homme qui, affaibli par la maladie, observe le monde s’éloigner alors que sa quête picturale touche à l’essentiel.
Loin de se limiter à une étude savante des figures artistiques, Philippe André interroge plus largement la manière dont l’art façonne la conscience, influe sur la perception du monde et devient un mode de survie ou de rédemption pour les âmes tourmentées. Chez lui, la musique et la peinture ne sont pas des objets d’analyse mais des expériences intimes, des révélateurs d’humanité. Son style, à la fois rigoureux, poétique et pénétrant, invite le lecteur à une plongée dans les méandres de la création.
Par son œuvre, Philippe André contribue à renouveler notre compréhension de l’art et de la condition humaine, offrant un regard d’une profondeur rare sur l’interface entre souffrance psychique et élans esthétiques. Il nous rappelle que toute œuvre d’art authentique est le fruit d’une tension vitale entre chaos intérieur et quête d’harmonie, un chemin vers la lumière, au bord de l’abîme.
Dans cet échange, Philippe André nous ouvre les portes de son univers, entre littérature, psychanalyse et musique, pour explorer avec justesse les territoires intimes de la création.
Le Matin d’Algérie : Votre écriture se situe à la croisée de la psychiatrie, de la psychanalyse et de l’art. Comment s’est construit ce regard singulier sur les créateurs ?
Philippe André : Au début il s’est construit par la force des choses, l’évidence d’une situation. À l’heure d’écrire ma thèse de doctorat en médecine, j’avais déjà commencé ma spécialité en psychiatrie. En parallèle, j’avais poursuivi depuis le baccalauréat mes études musicales (piano et musicologie). Quoi de mieux qu’allier ces deux domaines ?
Au demeurant je n’y ai même pas réfléchi. En un éclair, le sujet s’est imposé à moi. Ce serait le compositeur romantique allemand Robert Schumann. Après avoir tenté, au décours d’une crise hallucinatoire, de se noyer dans le Rhin, Schumann était mort dans un asile d’aliénés. Mais de quoi souffrait-il exactement ? Quelles avaient été les relations entre sa maladie et son œuvre ? Y avait-il entre elles une influence réciproque ? Mes réflexions sur les créateurs commencèrent à partir de ce travail et l’expérience s’avéra si passionnante, le livre que je publiais chez J.-C. Lattès à partir de ma thèse fut si bien accueilli par la critique, que la route était désormais tracée pour d’autres aventures similaires. Ayant toutefois été très pris par mon activité professionnelle, je mis plusieurs années à m’y remettre, mais ce fut tout sauf du temps perdu.
Au-delà de la psychanalyse et de la psychiatrie, vinrent en plus, notamment dans mes écrits sur la musique, se mêler la littérature, la philosophie, la phénoménologie et même aujourd’hui, le champ imaginaire, la fiction…
Le Matin d’Algérie : Vous avez écrit à la première personne dans Moi, Vincent Van Gogh, artiste peintre et plus récemment dans Le dernier été de Paul Cézanne. Qu’est-ce que cette forme narrative vous permet de révéler que l’essai classique ne peut pas ?
Philippe André : Si j’y repense, je n’ai écrit tous mes livres (j’en suis pile à mon dixième publié mais j’en ai quelques-uns en réserve dans mon ordinateur) que parce qu’il y avait un mystère à l’origine. Par exemple : comment parlait Vincent van Gogh ? Que pensait-il, au terme de sa vie, de lui-même et de son œuvre ? Et puis les « Grandes baigneuses » de Paul Cézanne : comment ne pas y voir une énigme ? Quelle constellation de vécus, de souvenirs, d’images, de sentiments, de sensations, avait pu faire naître une œuvre si singulière et si étrange ?
Or quand il y a un mystère à résoudre, quelle meilleure stratégie, pour tenter quelque peu de l’élucider, que de se mettre à l’intérieur du phénomène ? Si l’on veut comprendre au sens fort du terme (c’est-à-dire prendre avec soi), quoi de mieux que de s’identifier, de se projeter, de se glisser dans la peau d’un créateur ? En ce qui me concerne, l’emploi de la première personne du singulier rend plus fluide ma pensée, elle diminue de fait la distance entre moi et mon sujet (je ne dis surtout pas « mon objet »).
Mais je suis aussi un énorme lecteur de romans et j’avoue avoir depuis toujours préféré ceux écrits à la première personne. Mon premier souvenir de lecture ? À dix ans, le « Voyage au centre de la terre » de Jules Verne… J’ai également utilisé ce mode narratif pour mon premier roman publié, « Les deux Mages de Venise », où l’énigme première était l’ambiguïté de l’amitié entre Franz Liszt et Richard Wagner, ce dernier devenant le narrateur d’une histoire totalement folle et baroque, mais ceci est une autre histoire…
Le Matin d’Algérie : La folie, la souffrance et le génie artistique semblent étroitement liés dans vos livres. Pensez-vous qu’un certain déséquilibre psychique soit une condition de la création ?
Philippe André : Je pense que c’est un facteur essentiel et j’apprécie grandement votre formulation. Déséquilibre, oui, c’est ainsi qu’il faut le dire, car folie, sûrement pas. Robert Schumann, si je reviens à lui, voit au départ sa création musicale influencée par son déséquilibre, disons névrotique si on tient à le qualifier, puis dans un second temps (il avait à peine un peu plus de la trentaine quand apparurent les premiers symptômes), il doit lutter pied à pied contre la folie pour poursuivre son œuvre. La folie n’est donc absolument pas le moteur de cette œuvre, même si elle colore certaines pièces de façon particulièrement poignante, avant d’annihiler, les dernières années toutes les facultés créatrices du compositeur.
Déséquilibre oui, mais entre quoi et quoi ? Pour le dire rapidement : entre le monde d’illusion (positive) qui nous constitue et la rationalité (évidemment indispensable), entre nos désirs (trop grands) et la réalité (trop restrictive), entre nos pulsions (dionysiaques) et leur objet (inconscient) qui nous échappe, entre notre monde intérieur et le monde extérieur, entre nous et les autres… Certains êtres ayant à compenser un trop grand déséquilibre, la création artistique devient la voie royale (« sublime » selon Freud) de cette tentative permanente, jamais totalement aboutie et qu’il faut sans cesse remettre sur le métier, de compensation, de sublimation, de rééquilibrage.
Ceci, toutefois, n’explique pas l’apparition du génie chez quelques élus. Il y faut d’autres prédispositions. C’est à nouveau une autre histoire…
Le Matin d’Algérie : Dans vos travaux, la musique occupe une place centrale, notamment avec Schumann et Liszt. Que révèle la musique sur l’âme humaine que d’autres arts ne peuvent exprimer ?
Philippe André : Commençons une fois de plus par l’énigme. Claude Lévi-Strauss a formulé il y a plus d’un demi-siècle que l’invention de la mélodie restait « le suprême mystère des sciences de l’homme ». Autant que je sache, elle le reste à ce jour et il n’est guère hasardeux de prétendre que ce sera toujours le cas. La musique, que Lévi-Strauss compare en cela au mythe, exprime une part fondamentale mais opaque de nous-mêmes. Je me permets une citation de sa préface de « Le cru et le cuit » : « … la musique se vit en moi, je m’écoute à travers elle. »
Il semblerait bien que par la grâce de la musique, nous soyons en prise directe avec ce que nous pouvons appeler l’âme. Mais l’âme, si nous pouvions voir ce qu’elle est, si nous pouvions la décrire comme un objet, perdrait proprement son âme. Sensations, affects, intuitions, images, oubli du temps, respiration comme d’une infinie constellation (pardon à mon ami Jean-Pierre Luminet pour cette impossibilité…), tout cela apparaît, disparaît, rétrécit, se dilate, nous exalte, nous chagrine, nous soulève de terre, nous appesantit quand nous écoutons ou faisons nous-mêmes de la musique.
Et c’est précisément parce qu’il est impossible, malgré que nous les ressentions très fortement, de traduire en mots de telles expériences (seuls s’en sont approchés quelques rares poètes), que la musique nous est indispensable. Intraduisible, elle est pourtant le langage universel de l’humanité. Avec la musique, aucune frontière n’existe entre les peuples, pas plus qu’entre nous et notre âme (ou notre inconscient le plus profond au sens jungien). Voyez comment elle me tient tant « à cœur » que je me suis laissé emporter…
Le Matin d’Algérie : On ressent dans vos livres une grande empathie pour la solitude des artistes. Est-ce que l’écriture, pour vous, est aussi un moyen de les accompagner, voire de les « sauver » d’un certain oubli ?
Philippe André : Sûrement ! Pour être plus précis, quand on voit ce qui se déploie aujourd’hui en matière d’expositions et de publications (sans oublier le support numérique), les œuvres ne semblent guère avoir besoin de salut (quoiqu’elles se trouvent tellement éloignées de leur lieu de naissance…). Mais l’artiste, l’être humain qu’il fut, n’est-il pas peu à peu oublié au profit du mythe qui s’édifie au fil du temps, au profit des idées reçues qui s’amalgament insensiblement et créent comme une forteresse publique et inattaquable ? L’image d’Épinal reste en la matière, hélas, monnaie courante.
Eh bien, je veux croire qu’on doit lutter contre ces travers ! Je veux espérer qu’il y a encore à explorer, à témoigner, à restituer à partir d’une approche paradoxale qui est à la fois objective (par une documentation irréprochable) et subjective (sous-tendue par l’imaginaire). Il y a encore à compatir (souffrir avec), à accompagner (dans le sens d’être à côté, mais sans forcer vers une quelconque direction) une multitude de créateurs, aussi connus ou oubliés soient-ils, vers un regain de lumière, des images plus justes.
Le Matin d’Algérie : Quelle place accordez-vous à la beauté dans vos récits ? Est-ce une réponse à la souffrance que vous explorez, ou une manière de la transfigurer ?
Philippe André : La beauté ?… Je crois que, notamment dans l’art contemporain, ou même dans le regard actuel porté sur les œuvres passées, elle s’est trouvée beaucoup trop décriée. Je n’irai pas jusqu’à dire que l’art doit être tout fait de beauté, car l’art a mille choses à dire qui n’appartiennent pas à cette somptueuse catégorie. Mais j’ai personnellement besoin, toujours, que la beauté apparaisse dans mes récits. J’insiste sur le mot « besoin » qui a ceci de fondamental qu’il précède en nous le désir. Le paradigme du besoin est la faim, ou la soif. Si nous ne les satisfaisons pas, nous mourrons. Et sans la beauté, sans tout ce que nous éprouvons à la contempler, nous risquons fort de sombrer dans une paranoïa rabougrie (c’est certes un pléonasme), la même qu’affichent, hélas, trop d’inqualifiables dictateurs qui mettent l’essence de l’humanité dans un péril immense et nous plongent désormais dans ce qu’il convient d’appeler le « cauchemar planétaire ».
La souffrance appartient à la condition humaine, mais la beauté aussi, et pleinement. Elle une façon transcendante, pour utiliser un terme cher à Liszt, de sans cesse ménager l’équilibre fragile qui existe entre nos ombres et la lumière…
Le Matin d’Algérie : « Qu’est-ce qui a inspiré la naissance de votre récit Le dernier été de Paul Cézanne, publié aux éditions du Chien qui passe ? Comment ce projet s’est-il imposé à vous ? »
Philippe André : Ce qui m’a motivé est déjà un immense intérêt, et pourquoi ne pas le dire, un amour de longue date pour Paul Cézanne. À ce propos il me vient à l’esprit une scène précise. J’ai une vingtaine d’années, je visite une exposition qui lui est consacrée au Musée Granet d’Aix-en-Provence, sa ville natale. Je pénètre dans une salle où sont accrochés des paysages.
C’est tôt le matin, je suis seul. Et là, subitement, je perds toute notion d’espace et de temps. Il n’y a plus ni haut ni bas, ni premier plan ni arrière-plan, ni droite ni gauche, ni avant ni après ; je vis, en prise directe, ce que Bergson a conceptualisé sous le terme de « durée ». Un temps qui n’est plus celui des horloges. Peut-être cette qualité de temps que Saint-Augustin avouait être, mis au pied du mur, incapable de définir. Autant dire que peinture et musique viennent, ce jour-là, de fusionner en moi.
Autant dire aussi que je viens d’entrer de plain-pied dans le monde des « sensations confuses que nous aportons en naissant », comme le disait Paul Cézanne lui-même au jeune poète Joachim Gasquet. En bref je viens de faire l’une des plus formidables expériences phénoménologiques de ma vie.
Mais au-delà de mon amour pour Paul Cézanne, un mystère subsiste : celui des Grandes Baigneuses et notamment celles exposées au musée de Philadelphie. Que sont au juste ces grandes figures féminines ? Sont-elles belles, justement ? Cette composition a-t-elle un sens ?…
Soudain un jour je décide (un éclair, comme pour Schumann) de m’y plonger. Je sors juste de l’écriture de mon Van Gogh, je suis comme on dit bien branché sur la peinture, et je réunis alors tout ce que je peux trouver d’objectif sur Cézanne. Je contemple son œuvre des heures durant, je lis tout ce qu’il a pu dire ou écrire, et tout (ou à peu près) ce qui a été écrit à son sujet… Je m’immerge, durant des mois, dans cette galaxie, dans ce phénomène qui a pour nom Cézanne, et puis un beau matin je me lance, ou plutôt nous nous lançons, Cézanne et moi.
Le peintre, aux moments où il va quitter la vie, commence à se raconter à lui-même une histoire qui sera centrée sur ces baigneuses, cette œuvre qu’il semble ne pas avoir pu achever… Autour de lui des êtres réels en côtoient d’autres, imaginaires, le paradoxe, comme toujours, entre illusion et rationalité. Il n’y a plus qu’à laisser parler le vieux maître.
Je n’existe plus comme un être indépendant, je ne suis plus qu’un intercesseur. En quelque sorte je suis dans la même situation qu’Homère qui entrait dans ses récits en invoquant la muse qui allait, jusqu’à la fin de l’Iliade ou de l’Odyssée, parler à travers lui… Sans que je prétende, loin de là, être Homère, j’ai juste voulu qu’après moi, mes futurs lecteurs écoutent à leur tour le vieux Paul Cézanne parler de lui et de la place qu’ont eu les « baigneuses » (qu’il n’a quasiment jamais mélangées aux « baigneurs ») dans sa vie.
Le Matin d’Algérie : Dans une autre lettre à Baille, Émile Zola écrit : « Paul peut avoir le génie d’un grand peintre, il n’aura jamais le génie de le devenir. » — Que vous inspire cette remarque, à la fois intime et sévère, adressée à son ami Cézanne ?
Philippe André : Cela me fait simplement dire que Zola a eu tout faux, qu’il n’a pas su voir ce qu’il y avait à voir. Comme, au demeurant, il avait été aveugle à l’impressionnisme quand il écrivit son roman : « L’œuvre ». C’est très regrettable, car Zola et Cézanne furent de très proches amis d’enfance. Ensemble ils découvrirent la nature autour d’Aix-en-Provence où le père de Zola était venu, comme ingénieur, construire un barrage. Ensuite la vie les sépara. Avec sa personnalité splendidement brute, Cézanne avait un côté dérangeant pour le monde dans lequel Zola évoluait à Paris. Le désir de Zola devint vite, hélas, que Cézanne s’éloigne de lui, et donc qu’il ne soit surtout pas un génie. Incompréhension, envie tristement humaine de voir l’autre échouer, voilà tout… Zola était un immense écrivain, mais sur cette histoire-là, il ne fut qu’un petit homme.
Le Matin d’Algérie : « Dans cette phrase de Cézanne, où transparaît à la fois solitude et lucidité « Le monde ne me comprend pas. Et moi, je ne comprends pas le monde. C’est pourquoi je me suis retiré ». (Paul Cézanne, cité par J. Rewald), que percevez-vous du rapport qu’il entretient avec l’humanité et avec lui-même ?
Philippe André : Cézanne était un être profondément original mais qui apprit beaucoup plus à connaître la nature, dans ses infinies nuances (un terme commun à la peinture et à la musique), que les autres humains. On peut dire en termes simples qu’il « vivait dans son monde » et que, peut-être, ce monde était si foisonnant, si prégnant, et la peinture de ce monde était devenue si obsédante et ardue, que la compréhension des autres devint un sujet totalement secondaire pour lui.
Une anecdote : Cézanne, quand il arrive à Paris, est choqué de constater qu’on ne lui sert pas de l’huile d’olive dans un restaurant. On pourrait dire que c’est juste un provincial, un Provençal, qui ne s’adapte pas à la vie parisienne. Mais non, cela ne s’arrêtera pas là. Revenu à Aix, il vivra aussi à l’écart. Il passera ses journées « sur le motif » ou dans ses ateliers (il en avait un dans les combles de son domicile et un autre sur la colline des Lauves), à chercher constamment ses « sensations » … Cela ne l’empêchera nullement d’être cordial avec quelques élus, comme le relate Émile Bernard qui lui rendra visite.
Au bout du compte, ce rapport à l’humanité n’est pas un rapport particulièrement paranoïaque, mais plutôt un rapport de lucidité du genre : « je suis comme je suis, c’est-à-dire entièrement possédé par la peinture, l’humanité est comme elle est, c’est-à-dire ne comprenant pas en général cette sorte de possession qui est la mienne, alors qu’elle reste de son côté et moi je resterai du mien. Cependant, si un être compréhensif apparaît dans mon champ de vision, je ne lui claque pas aussitôt la porte au nez, et même, j’essaie grandement de partager avec lui mon expérience. Car oui, j’ai beaucoup de choses à dire sur la peinture… »
Le Matin d’Algérie : L’astrophysicien et écrivain Jean-Pierre Luminet a préfacé votre livre Le dernier été de Paul Cézanne. Comment cette rencontre a-t-elle eu lieu ?
Philippe André : Parce que c’était lui, parce que c’était moi… Jean-Pierre et moi nous sommes rencontrés à l’école de musique, puis sur les bancs du lycée de Cavaillon. La même passion, déjà, pour la musique, la littérature, la science, la beauté, nous animait et nous rapprocha l’un de l’autre… Jean-Pierre devint, immédiatement, mon ami de toujours et pour toujours. Nous avons certes pris deux chemins différents (lui l’astrophysique, une science « dure », et moi une discipline à la croisée des sciences et de l’humanisme), mais nous avons conservé contre vents et marées les mêmes goûts pour tout ce qui est fondamental. Écrivain merveilleux et prolifique, il a toujours très généreusement défendu mes livres (témoin ce qu’il a écrit dans son blog sur mes « Années de Pèlerinage de Franz Liszt » ou sur mes « Deux Mages de Venise »).
Et quand je lui ai fait lire, à peine l’avais-je terminé, mon « Dernier été de Paul Cézanne », il l’a passionnément aimé. Il connaissait par ailleurs mon éditeur Thierry Aymès (il a publié chez lui son impavide « Journal idéoclaste ») et, sans me le dire, mais quelle extraordinaire surprise ce fut pour moi ! il lui proposa d’écrire une préface. D’aucuns la trouveront peut-être trop élogieuse à mon égard, mais c’est sans compter avec la franchise, l’honnêteté hors du commun de Jean-Pierre, à laquelle mettre un frein serait justement malhonnête. Je rajouterai que, tout narcissisme mis à part, j’ai entièrement reconnu, dans ses lignes, et mon livre, et moi-même.
Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?
Philippe André : Plein de projets, oui.
J’ai publié beaucoup d’articles sur des dizaines de sujets (mais au fond sur un seul : la nature humaine) mais qui se trouvent aujourd’hui dans des revues disparates et difficiles à trouver. J’envisage de créer un blog où je rassemblerai tous ces textes qui dévoilent, au jour le jour, tout ce que j’ai pu découvrir et conceptualiser en étant confronté durant quarante années à la maladie mentale, alors que je continuais à explorer la littérature, la musique, la peinture, le romantisme allemand, la Grèce Antique, l’Art Africain, et, last but not least, à vivre aux côtés d’une artiste photographe qui ne cesse chaque jour de me surprendre.
Je viens juste d’achever un roman d’amour (mais oui !). C’est un roman sur la différence entre les êtres, sur la magie des histoires d’enfance, sur la beauté féminine non partagée par le plus grand nombre, sur la pureté, et je vais, un peu comme Cézanne fit face à la Sainte-Victoire, le peaufiner, le lire et le relire, jusqu’à ce que je le propose à l’édition.
Je réalise aussi que j’ai passé sept années sans publier d’ouvrage. Je m’étais un peu retiré dans ma coquille pour mieux travailler, méditer, je voulais retrouver plus de liberté face au monde de l’édition, et j’ai maintenant une accumulation d’ouvrages dans mon ordinateur. Il est temps qu’ils viennent au jour…
Enfin, dans un futur à plus long terme, je voudrais revenir à un grand créateur dans une phase peu connue de sa vie ; Charles Baudelaire, qui sait…
Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?
Philippe André : Très volontiers.
Quelles que soient nos difficultés existentielles, quelles que soient les causes pour lesquelles nous militons, n’oublions jamais, dans sa simplicité native, d’épouser la cause de l’homme.
Enfin mille mercis pour m’avoir posé des questions si pertinentes !
Une réunion de haut niveau sur la crise entre la France et l’Algérie s’est tenue ce mercredi à l’Élysée avec Emmanuel Macron.
Les relations entre l’Algérie et la France sont au plus mauvais point. Elles traversent depuis près de 10 mois une crise diplomatique sans précédent marquée par des expulsions d’une trentaine de fonctionnaires de part et d’autre de la Méditerranée, le rappel des ambassadeurs et des restrictions sur les porteurs de visas diplomatiques décidées récemment par Paris. Cette réunion qui a eu lieu à l’Elysée n’a pas révélé tout son contenu. Certaines sources évoquent toutefois une volonté d’Emmanuel Macron de calmer le jeu avec Alger.
Au moment où toutes les coopérations entre Paris et Alger sont interrompues, une réunion consacrée à la crise avec l’Algérie s’est tenue à l’Élysée, ce mercredi, ont fait savoir des sources gouvernementales, ce jeudi.
« Une réunion s’est tenue à l’Élysée pour évoquer la situation avec l’Algérie », selon ces sources, précisant qu’étaient présents, autour du président Emmanuel Macron, le Premier ministre François Bayrou, et les ministres des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, de l’intérieur Bruno Retailleau et de la justice Gérald Darmanin.
La coopération migratoire au plus bas
La France et l’Algérie traversent depuis près de 10 mois une crise diplomatique sans précédent marquée par des expulsions de fonctionnaires de part et d’autre, le rappel des ambassadeurs des deux pays et des restrictions sur les porteurs de visas diplomatiques.
Le soutien, le 30 juillet 2024, d’Emmanuel Macron au plan d’autonomie sous souveraineté marocaine du Sahara occidental avait précipité les deux pays dans une crise profonde. Cette ancienne colonie espagnole, contrôlée en majeure partie par le Maroc, est revendiquée depuis 50 ans par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.
Début avril, un entretien téléphonique entre les présidents des deux pays avait suscité l’espoir d’une réconciliation. Mais tous les canaux de communication sont à nouveau rompus suite aux révélations de la justice française concernant l’enlèvement de l’influenceur algérien Amir DZ. Des personnels d’un consulat algérien sont soupçonnés d’être impliqués dans cet enlèvement qui a finalement échoué pour des raisons que la justice n’a pas encore élucidées.
Cette affaire émaillée de communiqués virulents notamment des autorités algériennes d’une part et de déclarations violentes du ministre de l’Intérieur français a eu raison de la tentative de réchauffement entre les deux capitales. Alors que la coopération migratoire avait pu se maintenir à un certain niveau en début d’année, malgré des soubresauts, elle est désormais au plus bas.
Crispation sur le sort de Boualem Sansal
L’emprisonnement puis la lourde condamnation à 5 ans de prison de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal a sérieusement pourri les relations entre les deux pays. Dans ce dossier qui met en péril un homme de 80 ans, nous avons les ignobles déclarations du courant arabo-islamiste algérien auxquelles répondent celles tout aussi insupportables de l’extrême droite française.
Le ministère de l’Intérieur continue à vouloir éloigner des dizaines d’Algériens sous le coup d’interdiction de territoires, mais les autorités algériennes en refoulent davantage qu’elles n’en réadmettent, au risque de saturer les centres de rétention.
Boualem Sansal, incarcéré depuis mi-novembre, a été condamné le 27 mars à cinq ans de prison notamment pour des déclarations en octobre au média français d’extrême droite « Frontières » au sujet de frontières algériennes.
Il estimait que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc. Jusqu’à présent, les multiples demandes de libération ou de grâce présidentielle de Boualem Sansal provenant de France, y compris d’Emmanuel Macron en personne, sont restées lettre morte.
Cependant, le régime algérien ne s’est pas contenté de condamner Boualem Sansal pour ses déclarations. Il y a près de 250 détenus d’opinion qui croupissent arbitrairement dans différentes prisons. Un nombre indéterminé d’Algériennes et d’Algériens sont sous le coup d’interdiction de quitter le territoire national. D’autres subissent un harcèlement judiciaire souvent pour de simples commentaires sur les réseaux sociaux.
La mobilisation des chauffeurs de taxi se poursuit dans plusieurs villes de France, des opérations escargot et le blocage du réseau de bus donnant parfois lieu à des dizaines de kilomètres de bouchons.
Les chauffeurs de taxis sont en colère contre les VTC qui leur « volent leurs clients », disent-ils.
En Île-de-France, plusieurs opérations escargot perturbent la circulation, 109 km de bouchons étant répertoriés ce jeudi peu avant midi (heure locale), selon Sytadin, le site web d’information routière.
L’axe menant à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle est, par ailleurs, perturbé par un barrage filtrant, sur l’A3, selon la même source.
« Des chauffeurs de taxis de province sont en train rallier Paris avec des blocages prévus à Orly et à Roissy », a prévenu, à l’antenne de France Info, le secrétaire général de la Fédération nationale du taxi, Dominique Buisson.
A Marseille, « de fortes perturbations étaient attendues dès 7 heures du matin », a prévenu la préfecture des Bouches-du-Rhône dans un communiqué relayé par Actu Marseille.
Du côté de Pau, un cortège circulait dans la ville, vers 11h, prévenait la police. Plusieurs autres villes sont touchées par ce mouvement de grève inédit.
L’intersyndicale des taxis a entamé lundi une mobilisation massive pour protester contre la concurrence des véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) coordonnés par des plateformes comme Uber ou Bolt, mais également contre un projet de nouvelle tarification de l’Assurance maladie sur les transports de malades par des chauffeurs de taxi conventionnés.
Du 26 au 30 mai 2025, la ville de Saïda accueillera la huitième édition du Festival national « Littérature et Image de la Femme », placé cette année sous le thème « Littérature et image de la femme… avançons ensemble ».
Ce rendez-vous culturel et artistique met à l’honneur l’expression féminine à travers la littérature et le cinéma, en valorisant le rôle de la femme en tant que créatrice de sens et actrice dans la construction de l’image et de la parole.
Le programme de cette édition s’annonce riche. Il comprendra des projections de films longs et courts traitant des problématiques féminines, des rencontres littéraires avec des écrivaines algériennes de renom, ainsi que des ateliers de formation en jeu d’acteur devant la caméra, spécialement destinés aux femmes, dirigés par le réalisateur Yahia Mezahim.
Des tables rondes réuniront également intellectuelles et artistes autour des questions liées à la place des femmes dans le cinéma algérien, avec la participation de figures telles que Hajar Sabata, Fatima Ouzane, Mounia Boualem et Siham Hemr El Aïn.
Nouveauté majeure de cette édition : le lancement du « Quinté d’or », une compétition officielle du long métrage algérien, qui verra s’affronter cinq films, dont 196 mètres de Chékib Ben Dhib, La Station de Mustapha Ouzgoun, ou encore La Terre de la vengeance d’Anes Djaad. Le jury sera présidé par des personnalités telles que Nesrine Rezag, Dalila Yebout et Amina Salem Kastang.
L’ouverture du festival sera marquée par la projection en avant-première du film La Première Classe de Merzak Allouache, en présence de l’équipe du film. Seront également proposés des documentaires tels que El Beïdh d’Arabi Lekhal, Des hommes libres de Ghezouet Ghazali, ainsi que des courts-métrages signés par de jeunes réalisatrices.
Côté littérature, des soirées poétiques et littéraires réuniront des romancières comme Zoubida Rahou, Djajika Rahimi ou encore Najat Rahmani. L’écrivain algérien Yasmina Khadra honorera aussi l’événement par la présentation de sa dernière œuvre.
Le festival se clôturera par une cérémonie de remise des prix, dont le prix du meilleur film long-métrage, ainsi que les distinctions des concours officiels, dans une soirée artistique célébrant la contribution essentielle des femmes dans les domaines littéraire et cinématographique.
@UNRWA. Nourriture distribuée à des Palestiniens désespérés.
Le risque de famine s’aggrave à Gaza où l’aide humanitaire, notamment alimentaire, reste délibérément bloquée, s’alarme l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un communiqué. Seuls quelques camions passent les points de contrôle.
On est loin des insupportables besoins des Palestiniens de Gaza, réduits à chercher de quoi survivre dans cette bande de terre réduite réduite en cendres, en sang et en larmes.
Les 54000 civils palestiniens dont une écrasante majorité d’enfants et de femmes et des milliers de blessés ne suffisent pas à Benyamin Netanyahu et ses soutiens pour assouvir leur vengeance, alors il fallait en plus affamer les survivants de l’enfer de la bande de Gaza.
Le communiqué de l’OMS met en lumière une situation humanitaire d’une gravité extrême à Gaza, et il appelle à une action immédiate pour éviter une famine de grande ampleur. En tant qu’observateur critique, il est essentiel de s’interroger sur les responsabilités politiques et éthiques de cette crise, notamment sur le rôle qu’y joue la politique israélienne.
Une politique de siège aux conséquences humanitaires catastrophiques
Le blocus imposé par l’armée d’Israël sur Gaza, et particulièrement son durcissement depuis le 2 mars 2025, constitue un acte qui va bien au-delà d’une simple mesure de sécurité : c’est une politique punitive à l’encontre de toute une population civile. Le fait que de la nourriture et des médicaments soient disponibles à proximité immédiate de Gaza, mais maintenus hors d’atteinte des populations en détresse, met en cause le respect par Israël de ses obligations en tant que puissance occupante selon le droit international humanitaire.
Les statistiques sont accablantes : 500 000 personnes en situation de famine, 57 enfants morts de malnutrition (et probablement bien plus en réalité), un système de santé au bord de l’effondrement, et un accès quasi nul à l’eau potable. Il est difficile de ne pas voir là une stratégie de siège qui transforme l’aide humanitaire en levier politique.
La rhétorique de la « sécurité » face au droit humanitaire
Israël justifie souvent ces restrictions par des impératifs sécuritaires, notamment le contrôle des livraisons pour éviter qu’elles ne profitent au Hamas. Mais cette justification est largement contestable dès lors que l’aide est sous supervision internationale (ONU, OMS, CICR) et que des mécanismes éprouvés de distribution humanitaire existent. Le refus ou les retards dans l’autorisation de convois humanitaires, alors que des enfants meurent de faim, ne peuvent raisonnablement être justifiés au regard des principes fondamentaux du droit international humanitaire.
Le silence et la complaisance de la communauté internationale
Ce communiqué souligne aussi, en creux, la faillite morale de la communauté internationale à faire pression de manière efficace sur Israël. Les appels répétés des agences de l’ONU à lever le blocus restent sans effet tangible. Ce manque de volonté politique internationale renforce l’impunité de fait dont bénéficie Israël dans sa conduite du conflit, au détriment de la vie de centaines de milliers de civils.
La faim comme arme de guerre
Il faut appeler les choses par leur nom : ce que montre ce communiqué et les différents témoignages, c’est que la faim est aujourd’hui utilisée comme arme de guerre à Gaza. Le refus d’accès à l’aide humanitaire dans un contexte de détresse extrême n’est pas une négligence ; c’est une stratégie délibérée, documentée, et condamnable. Elle viole le droit international et les principes d’humanité les plus élémentaires. Si la communauté internationale, y compris les alliés d’Israël, ne se mobilise pas fermement pour faire cesser ce blocus, elle sera complice – par inaction – de la catastrophe en cours.
La levée immédiate du blocus et la mise en place d’un corridor humanitaire sécurisé et supervisé ne sont pas des options, mais des impératifs. Chaque jour de retard coûte des vies.
Valse de généraux à la tête des directions de renseignements.
C’est là une revanche sur l’histoire. Le général Abdelkader Aït Ouarabi, dit général Hassan (73 ans), ancien chef de l’unité d’élite du Scorat (service de coordination opérationnelle et de renseignement antiterroriste) a été désigné à la tête de la Direction générale du renseignement intérieur (DGSI) en remplacement d’Abdelkader Haddad, alias Nacer El Djenn.
Pour l’heure, aucune information officielle ne confirme ni n’infirme l’intronisation du général Hassan à la tête des renseignements intérieurs. Et rien ne transpire non plus sur l’avenir d’Abdelkader Haddad qui n’aura passé que 11 petits mois à la tête de la direction du renseignement intérieur. Assez suffisant manifestement pour décider de le renvoyer.
Ce limogeage sur une période aussi courte appelle plusieurs questions. Pourquoi il a eu lieu ? Qu’en sera-t-il du général Nacer El Djenn ? Sera-t-il appelé à une autre mission ? Ou finira-t-il dans un placard ?
Mais qui aurait parié un dinar sur le retour en grâce de ce général qu’Ahmed Gaïd Salah a jeté en prison sous le règne de Bouteflika ?
La désignation du général Hassan à un poste aussi sensible est un de ces retournements de l’histoire dont seule l’Algérie est capable ! N’a-t-on pas non plus assisté au retour du général-major Djebar Mehenna (limogé il y a quelques mois) après être passé par la case prison ?
Cette nomination arrive au moment où les services de renseignements sont mis en cause dans notamment l’affaire Amir Dz. La Direction de la documentation et de la sécurité extérieure (DDSE) y est pointée du doigt. Pas seulement, les frontières Sud et Est du pays sont plus que jamais des lignes de front de potentielles actions de menaces de déstabilisation. La crise avec le Mali est une nouvelle source de sérieuses inquiétudes en haut lieu.
Le retour du général Hassan à la tête de la DGSI peut ne pas être anodin. Même si la cartographie des groupes terroristes qui écument le Sahel a beaucoup changé, ses connaissances de la région peut avoir pesé dans sa désignation.
De l’ombre à la lumière
L’homme aura donc tout connu. Les années de sang des années 1990, celles de conflits et de luttes larvés sous Bouteflika, la prison puis la réhabilitation. Après avoir été au cœur de la lutte antiterroriste des années 1990 et 2000, il sera placé à la tête du Service de coordination opérationnelle et de renseignement antiterroriste (Scorat) de 2006 jusqu’à 2015.
Placé en détention provisoire en 2015, il était accusé de “destruction de documents” et « infraction aux consignes militaires”. Le général Hassan a été arrêté dans la soirée du 27 août 2015 à son domicile, à Chevalley (hauteurs d’Alger) et déféré le lendemain devant le tribunal militaire de Blida qui l’avait placé en détention provisoire. Trois mois plus tard, son dossier a été transféré au tribunal militaire d’Oran, en application de l’Article 30 du Code de Justice militaire, qui stipule qu’un officier dont le grade est supérieur à celui de capitaine bénéficie du privilège de juridiction, avait rapporté la presse à l’époque.
Le général Hassan a été condamné à 5 ans en 2019. Une peine qu’il avait purgé en novembre 2020. Abdelkader Aït Ouarabi a été le premier général à être emprisonné sous Bouteflika. Sous Tebboune, on ne compte plus le nombre de ceux qui dorment derrière les barreaux.
Valse et instabilité
La valse à la tête des services des renseignements continue depuis l’arrivée de Tebboune au pouvoir. Le limogeage du général Haddad dont la confirmation ne devrait pas tarder à être rendue publique ne fait que s’ajouter à l’ambiance de grande instabilité et improvisation qui rongent les institutions depuis l’arrivée d’Abdelmadjid Tebboune et Saïd Chanegriha au pouvoir.
Les éléments de la police judiciaire de la wilaya de Bejaia ont appréhendé et neutralisé, dans le courant de cette semaine, un groupe criminel de 4 individus impliqués dans une affaire de tentative de meurtre avec arme à feu, commandité depuis l’étranger, a indiqué jeudi un communiqué de la sureté de wilaya.
Parmi les personnes arrêtées figurent deux exécutants qui ont mené l’opération au quartier «Edimco», situé à la périphérie ouest de la ville de Bejaia, sans pour autant atteindre leur cible, a précisé la même source.
L’un des mis en cause a été arrêté incidemment dans une enquête parallèle liée au trafic de drogue et d’hallucinogènes en provenance de l’étranger.
Son arrestation a permis de mettre la main sur un pistolet automatique utilisé lors de la tentative d’homicide, a-t-on précisé.
Selon les aveux de la personne arrêtée, l’arme lui a été livrée par un commanditaire basé à l’étranger, moyennant une somme de 500 000 DA (50 millions de centimes).
La poursuite de l’enquête, confiée à la brigade des crimes majeurs relevant de la sûreté de wilaya, a permis l’arrestation de toute la bande et la récupération de deux pistolets automatiques (catégorie 4), 20 cartouches de différents calibres, et la saisie de la moto qui leur a servi de moyen de transport, pendant et après la tentative d’homicide, a ajouté la même source.
Déférés devant le parquet, les mis en cause ont tous été placés sous mandat de dépôt, a conclu le communiqué.
L’attaquant de Lyon Rayan Cherki a été convoqué pour la première fois en équipe ce mercredi 21 mai par le sélectionneur des Bleus Didier Deschamps. Une nouvelle qui n’a pas fait que des heureux, car du côté de l’Algérie, des supporters ont du mal à voir la pépite de 21 ans porter le maillot bleu.
« Il faut fermer le dossier Cherki, il a fait son choix ». « C’est la faute des responsables du football algérien, Cherki, c’est une perte pour l’équipe nationale ». Des supporters de la sélection algérienne ont exprimé leur déception, voire leur colère, après le choix de Rayan Cherki de porter le maillot de l’équipe de France. Ils reprochent à l’attaquant lyonnais d’avoir fait attendre toute une nation pour rien.
Né à Lyon, d’une mère algérienne et d’un père français, Cherki avait le choix entre les deux sélections pour sa carrière internationale. Après avoir disputé les JO 2024 avec les espoirs français, il va continuer à grandir avec le maillot de l’équipe France.
Son appel chez les Bleus a fait aussi la une des médias spécialisés en Algérie, montrant l’ampleur médiatique de ce dossier et l’importance accordée par la presse algérienne à cette décision.
Pour Mohamed Touileb, journaliste de la Gazette du Fennec, la Fédération algérienne a fait ce qu’elle devait faire, mais le joueur n’a jamais clamé son envie de jouer un jour avec les Verts. « La Fédération algérienne, du temps de Djamel Belmadi, mais aussi après la venue de Walid Sadi, président de la fédération, a essayé de convaincre Cherki d’opter pour les Verts, mais son choix était déjà fait. On ne peut pas dire que c’est un coup de tonnerre, parce qu’il n’a absolument rien promis à l’Algérie. La page Cherki est désormais tournée et je pense que l’équipe nationale a de quoi faire pour l’avenir. »
Malgré tout, la déception a aussi atteint d’anciens internationaux algériens comme Nacer Bouiche, ex-attaquant des Verts. « Personnellement, je suis déçu. Je respecte cette décision. On espérait que ce joueur soir avec notre sélection, cela aurait été une valeur ajoutée certaine. Mais, c’est comme ça, il y aura d’autres pépites qui rejoindront l’équipe d’Algérie. »
La plupart des médias algériens ont donc acté à la fin d’un long feuilleton en attendant le prochain : celui d’un autre binational très convoité, l’attaquant de l’AS Monaco, Maghnès Akliouch.
Dans un récent article publié par « Le Point », Kamel Daoud nous interpelle par un sacré cri du cœur : « Suis-je un traître ? Peut-être. Et alors ? ». Il faut une sacrée dose de courage pour oser asséner telle formule.
Si l’on se tient à la définition du mot traître : « personne qui se rend coupable de trahison (action de trahir son pays, sa patrie, une cause) », force est d’admettre que dans telle extension nous pourrions insérer des millions d’Algériens vivants. Nul besoin de convoquer les morts, vu l’étendue aux contours imprécis du positionnement et des référentiels auxquels chacun peut faire appel pour délimiter la cause des uns et la patrie des autres, bien souvent virtuelle pour beaucoup si elle n’est pas tout simplement chimérique.
Pour étayer ce méli-mélo d’héroïsme et de trahisons, pléthore d’exemples nous rappellent qu’il est impossible d’affranchir de toute subjectivité l’enveloppe de la plupart des épisodes de notre Histoire récente :
– Au commencement des articles de la Constitution fût décrété « Islam religion d’Etat », cette loi qui porta le croyant au firmament de l’héroïsme et relégué l’insoumis à celui de traître impie ayant osé renier l’une des principales, voire l’unique, constante nationale qui charrie inexorablement la république algérienne à contre-courant de toute modernité. N’est-ce pas au nom de tel reniement à la cause d’Allah que les islamistes de tous bords, ceux du pouvoir en premier, qualifient les non-croyants de minorité de déracinés et de traîtres à une nation que l’on s’acharne à transformer en une composante absolue d’une certaine « oumma » ? « Kheiratine » de surcroît.
– Quand les combats faisaient rage contre les hordes intégristes, lesquelles s’étaient attelées à transformer la république en califat, Liamine Zeroual n’avait-il haussé le ton et usé de sentences impérieuses mais justes pour qualifier les compagnons de Ali Belhadj, Madani Mezrag et Hassan Hattab de traîtres et de fléau qu’il fallait éradiquer au plus tôt ?
Dès son arrivée au pouvoir, Bouteflika ne tint-il pas un discours diamétralement opposé en réhabilitant les combattants de Dieu par des « Monsieur Hattab », par-ci, et des « si j’étais à leur place à leur âge, j’aurais fait la même chose », par-là, allant jusqu’à dérouler le tapis de tous les honneurs aux responsables d’innommables horreurs ? Qui de Bouteflika ou de Zeroual avait raison, qui avait tort ? Que sont Hattab, Mezrag et Belhadj, des géants ou des félons ? Les mosquées de Kouba et d’El-Mouradia ont leur réponse, nous avons la nôtre !
– Saïd Sadi, Ferhat Mehenni, Nourdine Aït Hamouda et 21 autres Kabyles n’avaient-ils pas été emprisonnés à Berrouaghia sous l’accusation d’atteinte à la sûreté de l’État, délit de haute trahison passible de la peine de mort, à la suite du printemps berbère ? Qui de ces 24 défenseurs de la cause amazigh ou de leurs geôliers sont les héros, qui sont, à la patrie, déloyaux ? Les dignes héritiers de Boumediene, doivent avoir leur réponse, nous avons la nôtre !
– Qui peut ignorer le fait que la plupart des arabophones, surtout les islamistes bornés, considèrent les berbérophones, surtout les Kabyles d’ailleurs, récalcitrants à une arabisation forcée comme des traîtres aux causes de l’arabité et de l’islamité prescrites à tout l’espace amazigh d’Afrique du Nord ?
– Côté face du problème arabo-berbère, les berbérophones ne voient-ils pas les partisans d’une arabo-islamisation aveugle comme des traîtres ayant renié leurs racines pour défendre une cause venue d’ailleurs et qui est loin d’être la leur ?
– Quand des élections sont organisées, surtout les présidentielles, celui qui ne se rend pas aux urnes n’est-il pas considéré comme traître à la cause de la petite famille révolutionnaire, alors que celui qui s’y rend pour donner un quitus de gouvernance à ceux qui pillent le pays est glorifié et encensé en héros par ce pouvoir de petits mafiosos ?
– Construire une grande mosquée à des milliards de dollars pour aller se faire soigner au Val de Grâce, laissant le petit peuple se dépatouiller dans des structures hospitalières indignes, fait-il de ce même Bouteflika un homme vaillant ou un grand charlatan ?
– Se rendre en Suisse pour y guérir une petite addiction à la cigarette fait-il du Général Nezzar un brave ou un poltron ? Son fils, celui qui s’est permis de tabasser SAS pour une simple chronique journalistique, a sa réponse, nous avons la nôtre !
– Infliger deux années de prison à Mohamed Benchicou pour avoir dénoncé, avant tout le monde, l’imposture Bouteflika fait-il des juges qui l’ont condamné des traîtres ou des héros ? Ceux qui ont confisqué le pays doivent avoir leur réponse, nous avons la nôtre !
Des pages et des pages de listings ne suffiraient pas à dresser un inventaire complet de la traîtrise des uns et de l’héroïsme des autres sans pour autant dégager quelconque objectivité à ces qualificatifs qui s’invitent dans le débat socialo-politique. De toute évidence, de quelque côté où l’on se positionne, on est toujours traître à la cause de quelqu’un d’autre si l’on n’y souscrit pas. Et ces notions ne portent pas la moindre empreinte d’un objectivisme infaillible, qui puisse les faire endosser aux uns tout en les retirant aux autres.
Même en temps de guerre, abattre des hommes, furent-ils ses pires ennemis, cela suffit-il à délimiter quelque contour d’héroïsme ? Par là même, refuser de se battre pour occire son prochain représente-il un signe objectif de lâcheté synonyme de forfaiture ? Autant de questions philosophiques qui tortureront encore l’homme jusqu’à son extinction finale !
De mon point de vue, si traîtres on doit désigner avec courage, ceux sont tous ces parasites qui gravitent autour du pouvoir avec une servilité défiant toute philosophie, ceux-là même qui maintiennent l’attention du peuple perpétuellement rivée sur le rétroviseur de la religion et de l’Histoire pour l’empêcher d’entrevoir les voies de demain !
Nous sommes en 2025, avec plus de 60 années d’indépendance nos mères et nos grands-mères regardent les images de la télévision de leur pays sans comprendre un traître mot de ce qui se trame sur leur dos. Pourquoi un tel acharnement à vouloir imposer à des peuples, des appartenances qui ne sont pas les leurs, ni linguistiques, ni politiques, ni sociales ?
À cet égard une véritable réconciliation n’aura de réelle valeur que si les discours politiques se font dans les langues du terroir, du mozabite au chaoui, du kabyle au chleuh, du targui au tamasheq, etc., car s’adresser au peuple dans un arabe nucléaire que personne ne comprend ou dans la langue du colon, c’est continuer à se moquer de ce peuple dont tout le monde veut confisquer les valeurs et l’histoire millénaire au nom de supercheries et de tous les mensonges de Dieu. L’histoire de l’Algérie ne remonte ni à 1954, ni à 1932, ni à 1832, encore mois à l’an 622 !
Si le pouvoir a pour objectif de se donner une assise populaire, il devrait sérieusement cogiter l’idée de créer un parti des peuples algériens tout en abandonnant ces histoires de légitimité historique. Pourquoi refaire les erreurs des autres pays qui ont fait disparaître la sève authentique de leurs territoires aux noms d’hégémonies coloniales (les USA vis à vis des Indiens, la France, l’Espagne etc., vis à vis de leurs peuples autochtones).
Nous avons les moyens d’innover. Le mouvement citoyen l’a démonté pendant deux ans, pour faire de l’Algérie un exemple de tolérance et d’harmonie entre nos peuplades, si tant est que l’esprit colonialiste du panarabisme et de l’islamisme qui en découle prenne fin.
En attendant des jours meilleurs qu’en haut lieu on se refuse à nous offrir, nous, citoyens d’en bas, sommes fatigués de ces guéguerres de légitimité historique qui confèrent aux uns le statut de héros et aux autres celui de traître.
Nous sommes fatigués que l’on nous force constamment à regarder en arrière pour nous empêcher de prendre le chemin du monde qui avance !
Nous sommes fatigués que l’on écrive l’histoire de nos peuples à travers ses dictateurs et ses colons !
Nous sommes fatigués que l’on nous invente des traîtres et des héros !
Nous sommes fatigués que nous, le peuple, soyons toujours écartés, brimés et objet de toutes sorte de vetos !
Nous sommes fatigués qu’un homme, un seul décide de notre destinée depuis 1962 !
Nous sommes fatigués de la dictature de cette famille de papys FLiN-tox qui s’autoproclame révolutionnaire pour nous piller, nous brimer, et nous confisquer jusqu’à notre liberté de pensée !
Nous sommes fatigués qu’en l’an de grâce 2025, des centaines de prisonniers d’opinion croupissent encore dans une république qui se dit démocratique et populaire !
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