5 mai 2024
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Comment changer si on ne croit pas au changement ?

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Comment changer si on ne croit pas au changement ?

La crise, m’a expliqué récemment un ami avec sa fougue habituelle, ça vient et ça part, le seul problème qui reste, c’est qu’on est toujours les mêmes, qu’on ne veut pas changer, dommage ! « Tu veux dire que c’est la mentalité de l’Algérien qui est le problème, et non pas le contexte dans lequel il vit », m’empressai-je de l’interrompre.

« Les deux à la fois, mais c’est la mentalité qui pose plus de soucis, me semble-t-il» « comment ça ? » «Prenons, par exemple, l’époque du début 1990, où le baril du pétrole est cédé dans le marché à seulement 20 ou 30 dollars le baril, l’Algérie, trop endettée, était alors en défaut de paiement.

Comprendre, il n’y a presque rien à manger à la maison, ça y est, c’est la faillite. Si la mentalité de l’Algérien avait été en bon état, celui-ci aurait pu se dire : je dois me débrouiller seul, au plus vite, et de n’importe quelle façon pour trouver une alternative, comme opter pour l’agriculture.

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Or, il est allé vers la solution de la facilité : s’agenouiller devant le F.M.I, dans l’attente du retour à la normale. Une fois son vœu exaucé, il a oublié la morale de l’épreuve qu’il avait subie. Pis, il est retombé dans le même travers « l’endettement», après une décennie de gaspillage forcé de la rente. « Mais ça, c’est l’erreur des autorités, non ? » «Oui et non en même temps ! Oui, si on part de l’idée que c’est l’Etat qui forme et guide toujours le peuple. Non, c’est si on pense l’inverse. » « C’est compliqué à comprendre !» « Non, c’est très simple.

Dans un pays où la société civile est active et agissante, les autorités ne peuvent avancer dans un projet ou une démarche sans la consulter (en effet, la société est le guide suprême du pouvoir politique). C’est pourquoi, celle-ci fait tout pour qu’elle se fasse entendre et peser dans le choix de ceux qui décident.

Si on applique cette règle chez nous, on se rend bien compte que c’est notre peuple qui n’a pas bien joué son rôle ! » « Mais là, on n’est pas dans un pays développé ? » « Il ne faut pas regarder que ce côté-là, mais aussi le fait qu’on n’est pas prédisposé à l’être. C’est ça notre malheur à nous les Algériens. Je te donne un petit exemple qui résume tout. A la fin des années 1960, une photo parue dans une revue culturelle européenne montre un paysan espagnol monté sur un âne, au milieu de ses moutons à Estrémadure, la région la plus pauvre d’Espagne.

Pour quiconque la voit, ce berger-là, livré à lui-même et au seuil de la précarité, n’évoluera jamais et ne peut être « développé » et moderne, comme ses voisins Français ou Allemands. Erreur gravissime ! Pourquoi ? Parce que, tout simplement, ce dernier a prouvé le contraire. Juste après la mort de Franco en 1975, il a eu le courage d’en finir avec le vieux système, en modernisant l’agriculture et en empruntant la voie de la démocratie » « ce qui nous manque alors, d’après toi, c’est l’audace ? »

« Oui ! C’est ça, l’audace ! Imagine un instant que cet Espagnol-là avait dit à l’époque : non, je ne dois pas essayer de changer maintenant parce que ce n’est pas mon époque, je dois attendre le temps d’une génération ou deux pour commencer ? Il n’aurait guère changé et ne changera jamais ! La volonté de changer, c’est d’abord un état d’esprit avant qu’elle ne soit action ou quelque chose d’autre. ».

Auteur
Kamel Guerroua

 




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