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 Du gros ventre et de l’intello mimétique !

REGARD

 Du gros ventre et de l’intello mimétique !

Le mouvement de dissidence citoyenne a surpassé les intellectuels qui n’ont pas jusqu’à présent montré un empressement pour l’accompagner.

Il est triste de rappeler que, juste après le recouvrement de leurs indépendances nationales, les Etats africains et arabes en général, ont fabriqué des intellectuels mimétiques et reproductifs de la pensée unique, dont la seule ambition est de prendre le relais de la machine coloniale et de prolonger localement ses intérêts, tout en protégeant leurs privilèges propres, au détriment de l’intérêt général des peuples.

L’Egyptien Samir Amin parle « d’intellos périphériques », amarrés au grand « centre métropolitain », qui ne font que « ritualiser » l’oeuvre des  anciens dominants, en leur prêtant allégeance. Cette soumission docile n’est que le reflet de la faiblesse de ces Etats-là, nés d’une certaine « inertie historique », pour reprendre le mot de Bourhane Ghalioune. Résultat, les sociétés naissantes n’ont plus d’acteurs autonomes, incontournables maillons d’une véritable transformation sociale, à partir de modèles endogènes. Et si jamais ces derniers surgissent, ils sont vite happés par ce « monstre néocolonial », constitué d’une multitude de valets locaux qui travaillent en réseaux puissants de propagande et de prédation.

Ces derniers sont parfois doués d’une grande culture de masse, sachant bien manipuler et parler le langage du petit-peuple.

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En Algérie  par exemple, l’ombre de l’ex-colonisateur a toujours plané dans le mode de gouvernance, la confection des manuels scolaires, dans le système législatif, dans la gestion des collectivités locales, etc. Tout est calqué sur le modèle français, sans égard aux spécificités de la culture locale. Cela est d’autant plus curieux que, de l’autre bout du spectre, des tendances conservatrices « arabo-bâathiste » sur fond « islamiste », amarrées cette fois-ci au grand orient, avec des projets radicaux,  leur résistent, en vain.

Ce tiraillement stérile entre deux courants étrangers à notre substrat culturel authentique aurait débouché sur notre malaise multidimensionnel : On est orphelin d’un véritable « projet algérianiste local », produit pur des compétences du terroir, dans le respect de nos valeurs, nos coutumes et nos caractéristiques locales. L’économie n’en est pas en reste. Tous les plans de développement (la révolution agraire, la révolution industrielle, l’industrie industrialisante, etc) sont inspirés de l’extérieur, la Russie et la Chine en particulier, et aucun projet n’est né du propre génie local.

Le mimétisme intellectuel a tué tout esprit d’innovation, ou de protection du potentiel de « la matière grise » du pays. Cela s’applique, au demeurant, à toute la sphère géographique africaine et orientale où cette culture  de « Taba’îya » « suivisme aveugle » de l’occident, pour faire usage d’un concept si cher au sociologue Ibn Khaldoun, a creusé l’écart entre une pseudo-petite-bourgeoisie dirigeante, avec souvent, chose combien bizarre, l’appui de gardes prétoriennes formées par la vieille école anti-coloniale, et la couche plébéienne que composent les bas-fonds de la société.

En clair, il y a comme une lutte de classes larvée, de type marxiste, qui se joue sous nos yeux, avec la bénédiction de ces intellectuels mimétiques dont la seule préoccupation est de pérenniser le schéma classique : « dominant-dominés », puis s’en remplir les poches et les ventres, par la prédation des biens de la collectivité. 

 

Auteur
Kamal Guerroua

 




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