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Fermeture des frontières : les ressortissants algériens consternés

REGARD

Fermeture des frontières : les ressortissants algériens consternés

La galère des Algériens établis à l’étranger ne semble pas vouloir finir! Avec la fermeture stricte des frontières par le gouvernement algérien depuis pratiquement mars 2020, les choses se compliquent de plus en plus pour eux.

Mais ce qui a rendu encore leur situation complexe, c’est l’arrêt des vols de rapatriement depuis le mois de mars dernier, en raison de l’aggravation de la situation sanitaire dans le monde. L’exécutif de Tebboune, tablant sur les recommandations de la commission scientifique présidée par le Pr Djamel Fourar, justifie cette décision par l’apparition de nouveaux variants Covid-19, très contagieux, en Europe et de par le monde. En conséquence, il se trouve que des milliers d’Algériens sont coupés de leur pays.

Sur les réseaux sociaux, des plate-formes sont constituées pour porter les doléances de nos ressortissants aux oreilles des autorités. Mais peine perdue, hélas ! 

Des Algériens racontent leur calvaire ayant résulté de ce grand casse-tête. Il y a ceux qui ont perdu leurs parents, sans qu’ils puissent assister à leurs funérailles, d’autres qui n’ont pas pu se rendre au chevet de leur mère ou sœur gravement malade, d’autres encore qui n’ont pas pu se convoler en justes noces, plein de scientifiques et de chercheurs empêchés de se déplacer, et j’en passe. Somme toute, la situation est dramatique et rien n’a « fuité » d’en haut pour calmer la colère de nos compatriotes bloqués. Il y a presque un  mois, j’ai rapporté ici même l’histoire des vingt-cinq Algériens bloqués à l’aéroport de Roissy.

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Malgré toutes les réclamations formulées et la mobilisation des associations caritatives et de la défense des droits de l’homme, leur cri n’a abouti que récemment. Mais de quelle manière? Car, il reste encore six personnes bloquées dans la zone internationale de l’aéroport parisien, ce qui suscite encore de l’indignation. Comment un pays, considéré comme le géant de l’Afrique, est-il à ce point incapable de venir en aide à ses « enfants » ressortissants bloqués à l’étranger ?

Ce qui est alarmant, par ailleurs, dans cette affaire de fermeture des frontières, c’est le coût économique exorbitant pour le trafic aérien. Selon les spécialistes, un avion cloué au sol, pourrait coûter environ 8.000 euros par jour au trésor public, comme frais d’entretien et de maintenance. En 2020  par exemple, suite à la fermeture des frontières, la compagnie Air France a payé environ 2.5 millions pour un seul avion cloué au sol pendant un mois. Et la redevance en pertes de la compagnie s’évalue à 16 milliards d’euros! C’est dire combien Air Algérie avec une flotte de 56 avions inactifs pourrait aller en faillite, si une pareille fermeture se poursuivait à ce rythme inquiétant.

Raison de plus pour craindre le pire : contrairement à l’Algérie, la plupart des compagnies aériennes dans le monde ont repris partiellement leur trafic, en attente, d’une part, de conditions meilleures pour une reprise totale. Et d’autre part, la logique implique pour toute compagnie aérienne de préserver des postes d’emploi et de garantir un minimum d’heures de pilotage à son staff technique, pour maintenir en vie son service. Or, en grandes difficultés financières, la compagnie nationale, bat de l’aile depuis novembre 2020 et la situation devient grave au mois de mars dernier, alors qu’aucune éclaircie ne profile à l’horizon.

Malgré la relance du trafic domestique, dès la fin décembre 2020, la compagnie peinera dans les mois prochains, selon les propos de son PDG à l’issue d’un Conseil d’administration, à  verser les salaires de ses 9600 employés (voir journal Liberté du 5 avril 2021).

Les responsables de la compagnie lorgnent du côté de l’Etat pour un geste rapide de secours, comme l’auraient fait d’ailleurs d’autres pays dans le monde, à l’image de la monarchie marocaine qui a mis la bagatelle de 620 millions d’euros à la disposition de Royal Air Maroc (RAM). Et le malheur dans tout cela, c’est que, même les vols de rapatriement bénéficient aux compagnies étrangères, lesquelles appliquent des tarifs prohibitifs pour atténuer l’impact financier (un aller simple  « one-way ticket » vers Paris coûte environ 700 euros et à Lyon près de 600 euros)! 

Récemment, on parle même d’un manque à gagner de l’ordre de 38 milliards de dinars sur le chiffre d’affaires des vols passagers qui devrait atteindre les 89 milliards de dinars d’ici à la fin de l’année. Catastrophique ! En juillet 2020 déjà, le ministre des Finances avait indiqué que l’annulation des vols, provoquée par la propagation du Covid-19, avait coûté la coquette somme de 16,3 milliards de dinars ! Et la tendance n’est pas près de baisser, malheureusement! Entre la galère de nos ressortissants à l’étranger et l’impasse d’Air Algérie et de l’Etat, l’incertitude règne, mais l’espoir demeure…

 

Auteur
Kamal Guerroua

 




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