1 mai 2024
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Y aura-t-il du neuf, avec du vieux bois ? 

REGARD

Y aura-t-il du neuf, avec du vieux bois ? 

La révolution du sourire a-t-elle gagné le pari de la démocratisation de l’Algérie? Question qui reste en suspens! Au fil des mois, les Algériens démantèlent doucement par leur mobilisation pacifique ce réseau maléfique, raillé par tous les noms d’oiseaux, qu’ils appellent communément :  « Système ».

Pris de panique, celui riposte par une contre-révolution qu’il appuit par tous les médias lourds de l’Etat. Tous les moyens sont mis en oeuvre, de sorte que l’on arrive à concrétiser le choix des urnes au mois de décembre prochain. A chaque ouverture du J.T, l’on découvre avec étonnement le fossé qui sépare ceux d’en haut de ceux d’en-bas. 

Mais nos officiels parviendront-ils à faire taire facilement la voix du petit-peuple, sans qu’ils ne s’auto-détruisent eux-mêmes? Autrement dit, le naufrage du régime est-il imminent?

Le problème, c’est que l’on entend partout le cri de ces jeunes épris du changement, sauf sur les plateaux télévisés officiels, où l’on coupe et l’image et le son, par crainte, paraît-il, que l’on démasque l’ineptie de la démarche officielle. Qu’apporte la nomenklatura à cette rue qui ne désemplit pas? Est-elle sûre que le vote est la seule et unique solution pour venir à bout de la crise de légitimité qui la menace? Réunit-elle les conditions objectives pour un tel rendez-vous électoral ?

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Il est clair que, sérieusement affaibli, le pouvoir tente désespérément de se repositionner sur l’échiquier dans l’objectif de diviser le mouvement citoyen à moindres frais. Cela lui permettra, pense-t-il, de reprendre du poil de la bête et faire peau neuve, sans perdre trop de plumes. Or, en cherchant des solutions parcellaires et « politiciennes », celui-ci risque gros et le moindre futur faux-pas peut le jeter dans une situation fort embarrassante pire que celle qu’il vit actuellement.

Côté rue, tous les ingrédients d’une révolution d’un type nouveau sont réunis : l’usage intensif des réseaux sociaux, le manque de leadership, un potentiel pluraliste enraciné dans la démocratie, une conscience aiguë des enjeux et de la portée des mouvements populaires, une transversalité entre revendications politiques et quête d’acquis sociaux, etc.

En effet, cette jeunesse algérienne est à l’image de celle de toute l’Afrique et du monde dit arabe : sans emploi ni perspectives, ni la moindre participation au pouvoir réel, dans  » des Etats, qui sont comme le soulignait  bien un spécialiste américain, des « power states », en d’autres termes, des « Etats policiers » où les services secrets constituent un Etat à l’intérieur de l’Etat, aspire à un autre avenir que celui de prendre des zodiacs vers l’eldorado européen.

Notre jeunesse a ses raisons que la raison d’un régime autoritaire ne peut connaître ni ne comprendre. Un régime s’imposant comme un tout monolithique face à une société civile qui se diversifie, devenant hétéroclite et, pour ainsi dire, « rhizomatique » (pluraliste et ouverte), pour reprendre un terme utilisé par le philosophe français Gilles Delleuze.

Pas question de faire du neuf avec du vieux, d’autant que l’avenir ne peut être que dans la libération des énergies retenues par la puissance d’une machine autoritaire, au bénéfice du pays, pour les transformer en force nouvelle de changement .

 

Auteur
Kamal Guerroua

 




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