2 juin 2024
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Lettre ouverte à Idir

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Lettre ouverte à Idir

Idir. Crédit photo : Zinedine Zebar.

Cher Hamid. Il y a des artistes qui se singularisent par l’audace de leur action et qui, à force de ténacité, bousculent les frontières de l’art. Il y a d’autres artistes qui allient l’art à un combat légitime et cette nouvelle alchimie, qui échappe complètement aux classifications, atteint le génie. Tu fais partie, à l’évidence, de cette nature. 

Il me revient des souvenirs. Nous nous sommes connus il y a une trentaine d’années dans un café du côté du métro La Motte-Piquet Grenelle (Paris) grâce à notre ami commun Tahar Djaout que tu viens de rejoindre. Et nous nous sommes perdus de vue pour nous retrouver de temps en temps surtout du côté de Belleville. 

Il n’y a pas si longtemps, j’ai déjeuné à la cantine, un vendredi, avec Arezki Metref et Ben Mohammed, ton ami et complice qui a eu le privilège de t’écrire Avava Inouva, ta chanson qui a fait le tour du monde. En remontant la rue de Ménilmontant, j’ai demandé à Ben Mohammed si tu allais mieux parce que j’espérais une rémission de cette terrible maladie qui te bouffait les poumons – même si au fond de moi, au vu de la gravité de la situation, rien ne laissait présager une guérison pérenne.

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En dehors de Hamid, l’homme que tu as été, et qui dégageait tellement d’humanité, il y avait le chanteur, Idir, sa voix, sa manière d’être avec ses admirateurs, son parcours. Ce qui se révèle à travers ce qui transparaît dans tes chansons, mais aussi tout ce que tu as donné à voir dans tes combats pour la dignité amazighe.

Il y avait ta voix qui nous reste, une voix dans laquelle se manifestent une fraîcheur et une lumière qui ne t’ont jamais quitté. En écoutant de nouveau tes chansons, même avec ce que je sais des moments douloureux que tu as vécus, il y a toujours cette même lumière, un émerveillement et une vivacité incroyables, un sens inouï du rythme et une douceur époustouflante.

Cher Hamid, tu es donc parti rejoindre certains de nos amis communs que tu aimais mais tu nous as laissé Idir, ton jumeau et ton double, et ses chansons de troubadour et de barde. Celui-là ne mourra jamais. Il murmurera toujours des complaintes sublimes aux oreilles de ceux qui aiment sa douceur et sa voix magique. Tu nous lègues des mélodies qui te survivront et qui continueront à émerveiller les générations à venir. 

Tu vas énormément manquer à nos rires et à nos déambulations. Nous continuerons à suivre tes mélodies et à rêver au son de ta voix. Tu nous manqueras, à n’en pas douter, et tu seras notre sujet principal, la prochaine fois que nous nous rencontrerons un vendredi pour nos fameuses « sardinades ».

Bon repos paisible ! Que la terre te soit légère ! Tes chansons vont nous poursuivre encore longtemps et ton sourire va continuer à nous envoûter. 

Au revoir Hamid et à bientôt. Nous ne manquerons pas de venir vers toi un jour.

Hasta la vista, amigo !

« Pourquoi cette pluie, pourquoi

Cette eau, ces nuages qui nous étonnent ?

Elle dit « cette pluie, tu vois

Ce sont des pleurs pour les yeux des hommes »

 

« C’est pour vous donner des larmes

Depuis trop longtemps elles ont séché

Les hommes n’oublient pas les armes

Quand ils ne savent plus pleurer. »

 

Auteur
Kamel Bencheikh, écrivain

 




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