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‘’Sidna’’ Boukrouh, les Algériens n’ont que faire de questions infantiles !

Débat

‘’Sidna’’ Boukrouh, les Algériens n’ont que faire de questions infantiles !

Cette présente contribution est une réaction à la contribution de Noureddine Boukrouh publiée sur notre portail. 

J’ai souvent résisté à des démangeaisons pour ne pas répondre à des articles ou commentaires où la médiocrité des arguments le dispute à la vulgarité du langage. Mais avec ‘’Sidna’’ Boukrouh qui m’invite à répondre à des questions en tant qu’Algérien, je le fais avec un déplaisir certain et la fureur dans le cœur en plus. Car comme tout homme censé et digne, je ne réponds jamais à des questions infantiles qui plus est insultantes. Comme on le sait, une question stupide fait nager toute réponse dans la boue. Aussi vais-je donc sortir de l’univers mental de notre ‘’sidna’’ pour cerner ce qui se cache derrière ses questions ‘’métaphysiques’’ et narcissique. Oui narcissique car associer une date 2968 à laquelle il associe son nom au départ (en vérité démission) de Zéroual, il faut oser et notre ‘’sidna’ le fait sans rougir.

Mais revenons à 2968. C’est simplement une date historique et comme l’histoire est faite par les hommes, ça perturbe tous ceux qui croient à l’éternité dans un ailleurs fantasmé et ça angoisse ceux qui ne veulent pas laisser derrière eux les merveilles de la vie. Oui, le temps, cette insaisissable ‘chose’’ échappe à tout le monde sauf aux arrogants philosophes qui ont choisi de le ‘’figer’’ à l’aide de notions ou de mots à leur convenance. Cette prétention ou angoisse des hommes,  un grand philosophe qui regarde l’univers avec des yeux situés prêts du cerveau, Spinoza les a cernées en écrivant : ‘’ l’homme impuissant devant le temps, se satisfait d’imposer sa puissance à l’espace’’. A côté des victimes de l’enflure de l’ego, il y a ceux qui ignorent comment marche l’histoire de l’humanité. Ils répètent alors les discours construits par les vainqueurs de  cette histoire et qui font passer ensuite des pays pour des ‘’contrées de merde’’ comme vient de le faire sa majesté de l’immobilier Trump. Ainsi, selon cette catégorie de gens qui trimbalent un complexe de colonisé, notre pays serait peuplé de tribus de nomades qui n’ont pas changé l’histoire, n’ont pas été conquérant. A ces fascinés des conquêtes prédatrices, je dirai que l’errance, le nomadisme est non seulement plus romanesque mais aussi et avant tout un acte de liberté lequel acte a permis à l’homme de remonter de son lieu original de naissance (Afrique) pour s’éparpiller sur toute la planète. Je rappellerai à notre ‘’sidna’’ qu’un seul ‘‘conquérant’’ de notre pays mérite notre sympathie. Ce sont les ‘’Vandales’’ venus de leur lointaine Scandinavie pour s’installer et se fondre avec les autochtones sous la douceur du climat. Ils n’ont certes pas laissé de monuments mais un esprit aventurier que certains de nous ont hérité et la blondeur des cheveux que l’on voit ici et là en Algérie.  Ainsi l’absence de conquêtes de territoires qui semble être une humiliation pour notre ‘’sidna’, je suis plutôt fier personnellement de la posture de résistance de nos ancêtres face à la horde de la grande armée. Oui fier aussi de savoir que ces lointains ancêtres sont partis libérer el Qods (1) des croisés lesquels croisés avaient conquis et la terre de Palestine et acquis la palme d’or d’une des pires sauvageries de l’histoire. Fier que Mokrani ait pu rencontrer en nouvelle Calédonie Louise Michel la communarde qui a pu ensuite témoigner de la déportation des résistants algériens.

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Ce qui se cache derrière les propos de notre ‘’sidna’’, c’est cette philosophie du juste milieu qu’il veut appliquer à l’Algérie, c’est-à-dire le consensus mou imposé par le maître détenant le gourdin à l’esclave enchainé. Qu’il se rappelle l’histoire légendaire de Spartacus pour se rendre compte que le feu et l’eau ne peuvent cohabiter. Je ne suis pas étonné que la contribution de notre ‘’intellectuel’’ médiatisé soit abreuvé des vieilles lunes de son maître Bennabi qui nous expliqua les raisons de la ‘’colonisabilité’’ du pays. Ce n’est pas la première fois qu’un ‘’intellectuel’’ médiatisé nous serine de ses ‘’lumières’’. Je pense à ce monsieur qui nous invitait à faire l’expérience de la  »régression féconde’’. Ce n’est pas seulement un hasard si l’élève de Bennabi et notre sociologue enseignant en France, pataugent dans les définitions de Nation, Etat et Peuple. La vraie raison ? Nos deux ‘’intellectuels’’ ne veulent pas se débarrasser de leur scolarité primaire et se coltiner d’autres écoles où l’on apprend à penser avec la tête et marcher sur ses pieds. Je reprends cette image célèbre de Karl Marx parlant de Hegel. Ce n’est pas en citant un philosophe allemand qui parle de l’unité de l’âme qui va rendre crédible sa définition de la notion de peuple. L’âme d’un peuple est une formule poétique qui ne signifie pas forcément unité du peuple. Cette âme se construit parfois contre la partie du peuple qui trahit les aspirations et l’histoire du pays. J’y vois dans cette citation, une tentative pour nous faire oublier sa ‘’célèbre’’ formule de ghachi accolée au peuple.

 Pourquoi diable, sommes-nous condamner à subir pareilles malédictions de la part de gens qui veulent nous faire goûter des plats indigestes cuisinés avec une sauce rance. Je pense à ces zombis qui voulaient nous faire changer nos habitudes alimentaires. Soit dit en passant notre couscous est d’une saveur autre que les hamburgers de Mac Do que des ‘’modernistes’’ de pacotille veulent nous vendre. Je pense aussi à ces ‘’identitaires’’ de tout bord qui veulent nous imposer la pureté de la race. Les uns qui se veulent des chorfas descendant du prophète comme le prétend le roi du Maroc,  les autres se revendiquant comme autochtones pure ‘’souche’’ comme ces électeurs du Front National, enfants naturels de cette France moisie. Puisqu’on parle de cuisine, tout ce beau monde  veut s’accrocher aux lambeaux de l’histoire au lieu de construire le pays sur le socle et le mouvement de l’histoire de cette Algérie rendue à son peuple par des noms qui ressemblent au vent chantant dans nos montagnes, apaisent comme les immensités du désert et éclairent le pays comme les lumières qui se donnent au rendez-vous au coucher du soleil. Un dernier mot, pour quelqu’un qui veut cultiver ‘’la philosophie du juste milieu’’, à l’évidence il a raté son coup. S’il veut apporter sa petite pierre à changer simplement le quotidien des gens d’aujourd’hui, qu’il arrête de pourrir les esprits avec des contributions qui polluent l’atmosphère.  Le seul travail qui vaille et qui nécessite du courage pour que les gens ne subissent plus les ténèbres du fameux trou noir de l’univers, c’est d’assécher le carburant qui alimente l’Ignorance, de couper la tête à l’hydre à deux têtes, le Tribalisme et le féodalisme. A ces conditions seulement, les citoyens pourront jouir pleinement de la lumière si particulière du pays, respirer un air frais qui insuffle de la bonne santé aussi bien physique que mental. A ce moment nous n’aurons plus à supporter les balivernes dictées par les angoisses ‘’existentielles’’ de notre ‘’élite’’ et l’enflure démesurée secrétée par  l’ennui.

A. A.

Notes

(1) Par deux fois les Algériens ont été mêlés à deux grandes périodes historiques de la Palestine/Liban/Syrie. Lors des croisades, et un quartier d’El Qods (Jérusalem) porte le nom de Maghrébin. La seconde fois c’est l’exil de l’Emir Abdelkader qui a été suivi par des Algériens de toutes les régions. J’ai personnellement rencontré un fidayine palestinien sur le tournage de mon film l’Olivier. Il me raconta le village natal de son arrière arrière grand père que j’ai situé de la région de Bejaïa.

Auteur
Ali Akika, cinéaste

 




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